Myriam El Khomri, qui a défendu le projet au Sénat toute cette semaine, juge son projet "utile" pour l'emploi, les salariés et la compétitivité.
Pour Philippe Martinez, qui doit trouver une porte de sortie honorable après avoir été aux avant-postes de la contestation sociale depuis mars, cette loi est un "problème". Plus particulièrement, il dénonce les articles composant sa "colonne vertébrale": inversion de la hiérarchie des normes, licenciement économique, référendum d'entreprise, accord de développement et médecine du travail.
Lors de la rencontre, la CGT entend demander la suspension du débat parlementaire, après avoir longtemps réclamé le retrait pur et simple.
Elle a l'opinion publique pour elle: plus de six Français sur dix (64%) estiment que, "face aux mouvements sociaux", le gouvernement "doit retirer" le projet de loi travail, selon un sondage Tilder/LCI/OpinionWay.
Mais la ministre a opposé dès jeudi une fin de non-recevoir à toute suspension. Et "pas question" non plus de "rouvrir la négociation".
Le Premier ministre "l'a rappelé à juste titre: le texte actuel est le produit d'un vrai compromis avec des organisations syndicales", a-t-elle relevé.
La CGT, qui refuse d'être enfermée dans un rôle de syndicat uniquement contestataire, va aussi faire des propositions à la ministre sur les cinq articles qui cristallisent les critiques des opposants à la loi (CGT, FO, Solidaires, Unsa, Unef, Fidl et UNL).
"Nous allons porter des propositions qui permettent que la loi soit bien un socle de droits pour l'ensemble des salariés. Ces propositions vont renforcer le rôle de la branche professionnelle", a précisé Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral qui participera à la réunion.
- 'Maintenir le dialogue' -
L'article 2, consacrant la primauté des accords d'entreprise sur la branche sera au centre de la discussion. Le Sénat à majorité de droite a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi cet article 2 en le durcissant, en particulier en revenant sur la semaine de 35 heures. Cet article "ira jusqu'au bout" avait toutefois prévenu Manuel Valls.
La position du leader cégétiste après la rencontre sera très suivie par ses militants: certains restent sur la ligne dure du retrait, quand d'autres s'interrogent sur la capacité de la CGT à maintenir une mobilisation en perte de vitesse face à un gouvernement inflexible.
La première organisation syndicale doit aussi compter avec les autres membres de l'intersyndicale, qui se montrent "déterminés" et réclament toujours le retrait de la loi.
FO a prévenu: "s'il prenait l'idée au gouvernement de passer en force à l'Assemblée nationale en juillet avec le 49-3, elle ne lâcherait pas, y compris à la rentrée".
Pour faire bouger le gouvernement, les syndicats ont prévu deux nouvelles journées de mobilisation, alors que l'exécutif menace d'interdire les manifestations après les nouvelles violences intervenues lors du défilé parisien mardi contre la loi travail.
Le 23 juin, en pleines discussions parlementaires, ils appellent à des grèves, rassemblements, manifestations. Le 28 juin, jour du vote au Sénat, nouvelles grèves et manifestation. L'intersyndicale compte aussi remettre les résultats de la votation citoyenne qu'elle a organisée à la Présidence de la République, nouveau temps fort espéré des syndicats après la manifestation parisienne de mardi.
Du côté des grèves, le retour progressif à la normal est prévu à la SNCF pour la fin de la semaine. Seuls les centres de traitement de déchets font de la résistance avec encore des blocages en Ile-de-France et dans les Bouches-du-Rhône.
La ministre du Travail relativise la rencontre de vendredi: "je reçois Philippe Martinez comme j'ai reçu les derniers jours tous les leaders des organisations syndicales. Je tiens à maintenir le dialogue avec toutes les confédérations professionnelles et syndicales", a-t-elle rappelé.
Depuis début juin, elle a rencontré les leaders de la CFDT, FO, la CFTC, l'Unsa et la CFE-CGC.
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