Leurs peines ont toutes été assorties de deux ans d'interdiction du territoire, comme l'avait requis le parquet, qui avait réclamé des peines d'emprisonnement d'un an à 30 mois ferme.
Pour couper court aux critiques des avocats qui dénoncent des "pressions politiques et médiatiques", le procureur André Ribes a fait projeter les vidéos des incidents survenus en marge du match de l'Euro-2016 Angleterre-Russie dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Marseille.
Des supporters, probablement anglais, gisent à terre, mais les Russes continuent leur course. M. Ribes décrit la scène: "Dès qu'ils trouvent un Anglais isolé, le groupe tombe dessus. C'est ce qu'ils appellent +la chasse+. Et là, c'est un +fight+".
Dans le box, Alexeï Erounov, 29 ans, Nikolaï Morozov, 28 ans, et Sergueï Gorbatchev, 33 ans, reconnaissent sans problème leur présence sur les lieux, mais contestent les violences.
"Je n'ai frappé personne. J'ai les mains propres", dit Alexeï Erounov, en russe. Père de deux enfants, il explique être le directeur des relations avec les supporters du Lokomotiv Moscou. Lui qui pratique par ailleurs le "kudo", un art martial japonais, est condamné à deux ans de prison ferme.
Une tête de plus que les policiers qui l'escortent, Nikolaï Morozov, colosse aux sourcils ombrageux, se défend également: "Je ne suis pas un tueur. Je suis un homme honnête". Ce supporter très actif du Dinamo Moscou surnommé "Glaz" (Oeil) s'est par le passé déjà vanté d'avoir participé à des affrontements avec des Anglais. Il a écopé d'un an de prison ferme.
Jeudi devant le tribunal, il assure être arrivé à Marseille "comme un supporter de foot": "Partout j'ai vu des supporters anglais en état d'ivresse, ils ont provoqué, et je n'ai pas répondu".
- Un "fight" évité ? -
Sergueï Gorbatchev, père de trois enfants, se présente au tribunal comme un "entrepreneur du bâtiment". Celui qui est surnommé... "la brique" en Russie, où il dirige un groupe de supporters de l'Arsenal Toula (L2 russe), à 300 km au sud de Moscou, a été condamné à 18 mois de prison ferme.
"J'ai peur qu'on veuille faire de M. Gorbachev un exemple pour la suite du déroulement de l'Euro" de foot, avait plaidé Chloé Gobet, son avocate.
Sur les images, issues d'extraits télé, d'images amateurs ou de vidéosurveillance, il est parfois difficile de distinguer, parmi les hooligans qui courent, ceux qui frappent.
M. Erounov est vu, courant avec une bouteille en verre à la main, puis fondant sur une victime. M. Gorbachev jette une pierre, plein cadre. M. Morozov, lui, n'est repéré qu'en train de circuler au milieu des hooligans.
"Le procureur a récupéré dans son filet des petits poissons et veut leur faire porter un chapeau bien trop grand pour eux", critique Jérôme Barberis, avocat de M. Erounov.
Mais juridiquement, il suffit de prouver que le prévenu se trouvait sciemment au sein d'un groupe de supporters violents. Les prévenus ont notamment été condamnés en vertu d'une loi "anti-casseurs" sur les attroupements, remontant à 2010, et peu usitée.
Peu courant également, le coup de filet qui a conduit à l'immobilisation de leur car et leur arrestation mardi dans les Alpes-Maritimes, en compagnie de 40 de leurs compatriotes. Vingt ont été relâchés, 20 autres vont être expulsés. L'opération a été lancée car un "fight" se préparait dans les environs, a justifié M. Ribes.
Après ces violences qui ont fait 35 blessés, deux personnes sont toujours à l'hôpital dont un Britannique, dans un état grave. On le voit, gisant inanimé, sur plusieurs des images projetées.
Ses agresseurs n'ont pas été identifiés. "On continuera à les rechercher jusqu'à ce qu'on les trouve", promet M. Ribes. A l'Evêché, le QG de la police marseillaise, les enquêteurs continuent d'éplucher des heures et des heures de vidéos et d'examiner des centaines de photos dans ce but.
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