"Mes deux rêves, c'était de créer une marque et de faire des objets", raconte-t-il à l'AFP depuis une galerie parisienne où il a installé un magasin éphémère pour la fête des pères.
Il propose une demi-douzaine de jolis objets pour les premières heures de la journée, surtout un rasoir élégant et une brosse à dents à tête détachable, opportunément baptisée Marie-Antoinette. Les deux sont disponibles en ébène ou en palissandre, et "Made in France".
"Le matin est un univers plutôt douloureux, pour moi le premier", raconte ce trentenaire, qui avait derrière lui huit ans dans le commercial lorsqu'il a choisi de monter sa boîte.
"Il existait des beaux objets dans à peu près tous les domaines, mais pas pour le matin. Or c'est un moment où on a le plus besoin de vivre une expérience agréable", argumente-t-il.
Si Thomas Barret a désormais quelque chose à vendre sur son site internet, il revient de loin. Il lui a fallu affiner le concept, apprivoiser un designer, trouver des fabricants, refaire ses plans à plusieurs reprises, convaincre son banquier, régler les problèmes de production, faire parler de lui, empaqueter les objets, boire des litres de café... et s'auto-motiver, beaucoup.
D'autant qu'il n'est pas forcément évident de percer avec des brosses à dents à 119 euros et des rasoirs à 159 euros, socle non compris.
"Bah oui, The Morning Company n'est ni le Airbnb de la tasse à café, ni le Uber du pain au chocolat. Et pas non plus le Blablacar du peignoir. Ce n'est ni tech, ni social, ni disruptif", constate-t-il avec une amertume assumée dans son blog, The Morning Challenge.
- Ecrire pour se mettre la pression -
Car il y a un blog: depuis le démarrage du projet, Thomas Barret y raconte les péripéties de sa vie d'entrepreneur, dans des billets hebdomadaires souvent corrosifs.
"Le blog, c'est un dommage collatéral positif", juge-t-il avec un peu de recul. "J'ai commencé à écrire, histoire de me défouler, de me mettre la pression pour avancer".
Ces récits lui ont aussi permis de recueillir d'indispensables témoignages de soutien. Ils sont devenus livre, un recueil retraçant la première année de l'aventure.
The Morning Challenge - le blog et le livre - est devenu "une petite marque en parallèle", se réjouit aujourd'hui Thomas Barret. "L'idée est de faire cohabiter les deux intelligemment. C'est un accident de parcours heureux", qui lui permet aussi de proposer ses services de "storytelling".
The Morning Company semble maintenant bien lancée, mais "ce n'est pas une marque qui va me faire vivre tout de suite", reconnaît-il volontiers. Avec 150 rasoirs vendus sur ses 18 premiers mois d'existence, les fonds investis restent très supérieurs aux rentrées.
Thomas Barret s'accorde donc désormais quelques jours par mois pour faire autre chose, histoire de gagner un peu d'argent.
"J'ai décidé qu'il ne fallait pas se poser de questions philosophiques trop souvent", explique calmement le jeune entrepreneur, qui est aussi un jeune père de famille.
"Je m'en suis posé en janvier, après un an, et j'ai décidé de continuer. Je m'en reposerai en janvier prochain et, d'ici là, je ferai tout ce que je peux pour développer la notoriété et le chiffre d'affaires. Je peux manger jusqu'à la fin de l'année, c'est ma ligne d'horizon!"
"Ca ne m'empêchera pas de réfléchir à la façon de bien faire les choses", ajoute aussitôt le chef d'entreprise en herbe. Prochain défi: placer ses produits sur les rayons de quelques boutiques branchées, pour asseoir la marque et compléter les ventes en ligne.
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