"On nous bassine avec l'idée qu'on n'y arrivera pas tout seuls. Quel ramassis de conneries! Évidemment qu'on peut y arriver. En 1940 il n'y avait personne pour nous aider. Ayons des tripes, nom de Dieu", s'anime-t-il lors d'un entretien à l'AFP.
Toujours bon pied, bon œil à presque 92 ans, Bryan Neely est un fervent défenseur du Brexit et jette toutes ses forces dans la bataille à l'approche du référendum du 23 juin. Depuis qu'il a rejoint la campagne "Veterans for Britain", son smartphone vibre toutes les cinq minutes et il sillonne le pays pour coordonner les troupes, bannière de l'Union Jack au vent.
"J'aime l'Europe", explique-t-il en se versant une tasse de thé dans le charmant petit jardin de son appartement à Notting Hill, au cœur de Londres en recevant l'AFP. "Mais je déteste l'UE qui laisse détruire par des ploutocrates des pays si riches en histoire et culture", s'étrangle-t-il aussitôt.
"Qui sont ces financiers de Bruxelles ? Attendons de voir qu'ils montent dans un avion et voient les balles siffler dans le cockpit. Ils ne connaissent rien à la vie", enchaîne l'ancien pilote de la Royal Air Force.
- 'A plat ventre devant les nazis' -
En 1940, il n'était encore "qu'un gamin" lorsqu'il a vu "trois Spitfire faire rebrousser chemin à une escadrille de 25 bombardiers allemands" lors de la bataille d'Angleterre. "J'étais si fier!"
Il était âgé de 19 ans à peine lorsqu'il a effectué son premier raid aérien au dessus de l'Allemagne aux commandes d'un bombardier Lancaster.
Pour son dernier, il devait ensevelir de "cookies", ces bombes lourdes de la RAF, la résidence alpine d'Adolf Hitler à Berchtesgaden en 1944. Avant que sa mission ne soit interrompue à mi-vol parce que le dictateur était déjà à Berlin, affirme-t-il.
De ces années de guerre, Bryan Neely garde la profonde conviction que les Britanniques ont un caractère unique, mélange de fierté, de force et de résilience. "En 1940 après la bataille de Dunkerque, l'Europe était à plat ventre devant les nazis. Nous avons résisté seuls pendant dix-huit mois avant l'arrivée des Américains. Nous pouvons le refaire aujourd'hui", dit-il.
Que le Premier ministre David Cameron, les chefs d’État étrangers ou les institutions internationales puissent penser le contraire l'énerve au plus haut point.
- 'Un homme s'est levé: Churchill' -
"Ils ne nous parlent que de chiffres, nous annoncent une catastrophe imminente. Ils étaient où en 1940? A l'époque, un seul homme s'est levé: Churchill. On ne serait pas dans cette situation s'il était toujours vivant."
Après la guerre, Bryan Neely a d'abord doublé l'acteur Donald Houston dans le film "le Lagon bleu" avant de monter une compagnie de charters. Il a continué à voler pendant cinquante ans, a sillonné le globe, rencontré le président égyptien Nasser et fait du transport des écrevisses entre l'Irlande et la France.
Né en Inde, il a vu l'empire britannique s'effondrer. Aujourd'hui, il craint pour l'identité même de l'Angleterre. "Je ne suis pas contre l'immigration mais il faut qu'elle soit contrôlée. Nous perdons, en tant que nation, tout ce qui nous caractérise. L'immigration a complètement submergé notre +anglitude+. Si l'Europe désire tant l'Angleterre, qu'on laisse l'Angleterre être l'Angleterre", souligne-t-il.
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