La manifestation nationale organisée mardi par sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl), première du genre depuis le début de la contestation, a rassemblé entre 75.000 et 80.000 personnes selon la police, un million selon les organisateurs, chiffre que le Premier ministre Manuel Valls a qualifié de "ridicule par rapport à la réalité".
Elle a été marquée par de violents affrontements entre des casseurs et la police, comme lors des précédents défilés, et des dégâts le long du cortège, d'une ampleur sans précédent à Paris. Des dégradations ont été commises contre l'hôpital Necker-Enfants malades, qui a décidé de porter plainte. Au moins 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés.
Après ces violences, François Hollande a annoncé qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation des "biens et des personnes" ne pouvait être "garantie". "Pour l'instant elles ne le sont pas ; à ce moment-là les décisions seront prises au cas par cas de ne pas autoriser les manifestations", a-t-il dit.
"Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris", avait dit Manuel Valls plus tôt. Le Premier ministre a pointé la "responsabilité" de la CGT, critiquant son attitude "ambiguë" à l'égard des casseurs.
Le préfet de police de Paris Michel Cadot a été plus précis, évoquant "une forme de solidarité, au moins passive" entre "une nébuleuse d'environ mille casseurs" et des manifestants de la CGT. Il a aussi affirmé qu'en fin de manifestation, un groupe de 100 à 200 manifestants de la CGT, "venus de l'Ouest et du Havre", avait "participé à des actes de violence.
- Inquiétudes d'Amnesty -
La droite a saisi la balle au bond: Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, a réclamé que la "responsabilité civile" et "financière de la CGT soit engagée".
La CGT "ne porte aucune responsabilité sur ce qui se passe en marge des manifestations", a répliqué Philippe Martinez sur France 2. Il n'y a "aucune relation entre ce que font les casseurs et les manifestants", a déclaré le numéro un de la CGT, en parlant de "provocations" de la part de Manuel Valls.
Ces accusations sont "inacceptables" et ces menaces le "signe d'un gouvernement aux abois", avait déjà répondu la CGT, qui a aussi condamné "sans réserve les violences commises" contre l'hôpital Necker et dénoncé des "actes aveugles".
"Alors qu'on interdise l'Euro!", s'est emporté Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, qui ne comprend pas "qu'un gouvernement de gauche puisse interdire des manifestations organisées par des syndicats".
Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, a fustigé une "tentative d'essayer de diviser au lieu de débattre des vraies questions".
A gauche, le chef de file des frondeurs socialistes Christian Paul a estimé que "les casseurs ne viennent pas des syndicats mais de l'ultragauche", et que "le gouvernement a une part de responsabilité dans cette tension sociale".
La présidente du groupe Communiste, républicain et citoyen au Sénat, Eliane Assassi, a accusé l'exécutif de vouloir porter "atteinte au droit constitutionnel de manifester".
Dans un communiqué, Amnesty International France a demandé que les violences fassent "l’objet d’une enquête indépendante et approfondie" et ne soient pas "imputées sans preuve aux organisateurs". Elle a rappelé que le droit de manifester est "une liberté fondamentale".
La rue semble rester le dernier moyen de pression dont disposent les opposants pour infléchir la position du gouvernement. Car les grèves, qui avaient pris ces dernières semaines le relais des manifestations dans des secteurs-clés (raffineries, déchets, trains...), s'éteignent peu à peu.
Mais les opposants refusent de parler d'essoufflement: l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL) a réaffirmé mercredi soir leur "détermination sans faille". Elle a maintenu l'appel à deux nouvelles "journées de mobilisation nationales", les 23 juin et 28 juin, avec grèves et manifestations, et demandé au gouvernement "de garantir les bonnes conditions d’exercice du droit de manifester".
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