"Je veux que les gens réalisent que ce référendum oppose les gens ordinaires à l'establishment", a lancé mercredi Nigel Farage, le dirigeant de l'Ukip en rejoignant à Londres une flottille de pêcheurs qui a remonté la Tamise pour vanter un Brexit dont les chances de victoire ont poussé le Premier ministre David Cameron à menacer d'une nouvelle cure d'austérité.
L'initiative visait à dénoncer les difficultés des pêcheurs britanniques en les mettant sur le compte des quotas de pêche fixés par Bruxelles. "La seule solution, c'est le Brexit", pouvait-on lire sur les pancartes, tandis que des contre-manifestants plaidaient la cause de l'UE sur d'autres embarcations.
Sur l'une d'elles, le musicien irlandais Bob Geldof a traité M. Farage d'"escroc", l'accusant au micro d'une puissante sono de n'avoir participé qu'à "une seule des 43 réunions de la commission de la pêche au Parlement européen".
Les partisans du Brexit ont le vent en poupe après une série de sondages en leur faveur, même si le dernier en date, de l'institut ComRes, redonnait une avance d'un point au maintien (46%) au sein de l'UE.
Effrayés par la perspective d'une sortie de l'UE, les partisans du statu quo, menés par le Premier ministre conservateur David Cameron, ont lancé mercredi de nouvelles mises en garde contre les conséquences économiques d'une rupture.
Le chancelier de l'Echiquier George Osborne a ainsi affirmé qu'une sortie pourrait déclencher la mise en place d'un "budget d'urgence" qui entraînerait hausses d'impôts et réduction des dépenses pour compenser un trou de 30 milliards de livres (38 milliards d'euros).
Ecoles, hôpitaux et armée verraient leurs financements se réduire, a prévenu M. Osborne. "Quitter l'UE toucherait les investissements, nuirait aux familles et à l'économie britannique", a-t-il averti.
- Budget 'punition' -
"Il y aura un trou dans nos finances si nous quittons l'UE", a renchéri M. Cameron sur Twitter. "Cela signifie des impôts plus lourds, des coupes budgétaires, plus d'emprunts", a ajouté le chef de l'exécutif, déjà accusé par ses opposants de mener une politique d'austérité au détriment des revenus des plus faibles.
L'avertissement a aussitôt suscité l'ire du camp pro-Brexit et attisé les frictions au sein d'un parti conservateur profondément divisé sur la question.
Échaudés par l'annonce de M. Osborne, 57 députés conservateurs pro-Brexit l'ont accusé d'avoir ourdi un budget de "punition" en cas de sortie du bloc des 28, avertissant qu'ils s'y opposeraient.
Au budget de M. Osborne, les pro-Brexit ont opposé mercredi leur projet de sortie de l'Union promettant notamment de rediriger la contribution britannique à l'UE vers le système de santé public (NHS).
Un ministre eurosceptique, Chris Grayling, représentant du gouvernement au Parlement, a dit dans le Financial Times espérer que "tout serait bouclé d'ici la fin 2019 et que nous seront sortis de l'UE".
La présidente de la banque centrale américaine (Fed) Janet Yellen a expliqué mercredi que le référendum sur le Brexit était l'un des facteurs de la décision de la Fed de laisser les taux d'intérêt inchangés.
Le vote britannique pourrait "avoir des conséquences économiques et financières au niveau mondial", a souligné Mme Yellen à l'issue d'une réunion du Comité monétaire (FOMC).
Le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a lui prévenu qu'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne serait une "catastrophe" et "la pire chose" qui pourrait arriver à l'UE.
En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a mis en garde contre le risque d'une "désintégration" de l'Union européenne en cas de Brexit, lors d'une rencontre avec son homologue français Jean-Marc Ayrault. Celui-ci a de son côté estimé qu'une sortie de l'UE ferait de "la Grande-Bretagne un pays tiers".
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