La manifestation nationale organisée mardi par sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL), première du genre depuis le début de la contestation, a rassemblé entre 75.000 et 80.000 selon la police, un million selon les organisateurs.
Elle a été marquée par de violents affrontements entre des casseurs et la police, comme lors des précédents défilés, et des dégâts le long du cortège, d'un ampleur sans précédent à Paris, avec de très nombreuses vitrines brisées. Des dégradations ont été commises contre l'hôpital Necker-Enfants malades, qui a décidé de porter plainte. Au moins 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés.
Après ces violences, François Hollande a annoncé qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation des "biens et des personnes" ne pouvait être "garantie". "Pour l'instant elles ne le sont pas, à ce moment-là les décisions seront prises au cas par cas de ne pas autoriser les manifestations", a insisté le chef de l'État.
Plus tôt, Manuel Valls s'en était pris directement à la "responsabilité" de la CGT, qui "à l'évidence, était débordée". Il a également critiqué l'attitude "ambiguë" de l'organisation syndicale à l'égard des casseurs.
"Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris et au cas par cas, car vous savez qu'on ne peut pas prononcer une interdiction générale, nous prendrons, nous, nos responsabilités", a prévenu le Premier ministre.
De son côté, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a déploré que les violences n'aient "suscité aucune condamnation de la part de M. Martinez".
- "Qu'on interdise l'Euro!" (FO) -
La droite a saisi la balle au bond: Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, a réclamé que la "responsabilité civile" et "financière de la CGT soit engagée" quand Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, a préconisé l'interdiction des "manifestations qui constituent une menace évidente à l'ordre public".
Ces menaces ont provoqué un tollé chez les syndicats contestataires, la CGT dénonçant des accusations "inacceptables", "le signe d'un gouvernement aux abois".
Pour la CGT, il incombe "aux pouvoirs publics" dont Manuel Valls "a la première responsabilité, d'assurer la sécurité et le maintien de l'ordre".
"Comme il n'est pas de la responsabilité des supporters d'assurer la sécurité dans et autour des stades de l'Euro de football, de la même façon il n'est pas de la responsabilité des manifestants d'assurer la sécurité dans et autour d'une manifestation autorisée par la préfecture de police", écrit-elle dans un communiqué.
"Alors qu'on interdise l'Euro!", s'est emporté Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, qui ne comprend pas "qu'un gouvernement de gauche puisse interdire des manifestations organisées par des syndicats".
Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, y voit une "tentative d'essayer de diviser et d'instrumentaliser au lieu de débattre des vraies questions".
Pour la présidente du groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC) au Sénat Eliane Assassi, l'exécutif "porte atteinte au droit constitutionnel de manifester".
La rue semble rester le dernier moyen de pression dont disposent les opposants pour infléchir la position du gouvernement sur un texte dont ils exigent le retrait. Les grèves, qui avaient pris ces dernières semaines le relais des manifestations dans des secteurs clés (raffineries, déchets, trains...), s'éteignent peu à peu.
Mais les opposants refusent de parler d'essoufflement. Ils comptent sur de nouveaux "temps forts" : rendez-vous est pris le 23 juin, avant-dernier jour de son examen au Sénat, et le 28, date du vote solennel. Les modalités de ces "journées de mobilisation" restent néanmoins floues. Une intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL), qui se réunit ce mercredi soir, pourrait apporter des précisions.
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