"L'arrestation d'un autobus avec plus de quarante supporters russes par la police est un incident absolument inadmissible", a fustigé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, devant la Douma (chambre basse du Parlement).
Ces supporters ont été arrêtés mardi à Mandelieu-la-Napoule, à 170 km de Marseille, où de graves violences ont éclaté samedi en marge d'Angleterre-Russie. Ils s'apprêtaient à rejoindre Lille, où Russie-Slovaquie se joue mercredi (15h00).
Ils ont été mis en garde à vue et transférés à Marseille dans l'enquête sur les violences de samedi. Onze d'entre eux ont été remis en liberté et les autres restent en garde à vue à Marseille pour un maximum de 48 heures, a indiqué mercredi une source proche du dossier.
"Les autorités françaises étaient obligées, au moment où elles les ont arrêtés, d'informer l'ambassade ou le consulat général à Marseille. Cela n'a pas été fait", a regretté M. Lavrov, précisant que les diplomates ont appris l'incident par les messages des supporters sur les réseaux sociaux.
Parmi eux, Alexandre Chpryguine, président de l'Association des supporters russes et collaborateur du député ultranationaliste Igor Lebedev, membre du parti d'extrême droite LDPR.
- Responsable sulfureux -
Chpryguine a multiplié les tweets rageurs mardi pour dénoncer une arrestation injuste. Sa présence parmi les Russes interpellés n'a jamais été confirmée par les autorités françaises.
Cet homme, qui a déjà été vu en compagnie du président russe Vladimir Poutine, a été photographié par le passé en train de faire un salut nazi en compagnie d'un musicien d'un groupe de rock d'extrême droite russe, bien qu'il réfute être un sympathisant nazi.
"Nous avons des indices suffisamment précis sur la participation d'au moins un certain nombre d'entre eux aux violences inacceptables" survenues à Marseille avait déclaré mardi le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat au sujet des individus interpellés mardi.
Les hooligans russes, "extrêmement entraînés" selon les autorités, étaient en première ligne lors des rixes à Marseille samedi, mais aucun n'avait été arrêté, ce qui a valu des critiques aux forces de l'ordre.
Après les violences à Marseille, la France a reproché à la Russie d'avoir laissé ses hooligans les plus durs quitter le pays pour aller à l'Euro.
"Tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à ces violences, à ces combats de rue, doivent être non seulement identifiés mais surtout renvoyés", a insisté mercredi le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
Au-delà des relations diplomatiques, la crainte de nouveaux incidents causés par des hooligans à l'Euro reste vive. Le match Russie-Slovaquie à Lille mercredi se déroule la veille d'un Angleterre-pays de Galles, lui aussi sous haute surveillance à Lens, à une trentaine de kilomètres de là.
De premiers heurts, sans blessés, ont eu lieu à Lille dès mardi en fin d'après-midi, avec à la clé sept interpellations. Deux Russes impliqués dans une rixe ont été placés en garde à vue, ainsi qu'un couple d'Ukrainiens pour port d'arme prohibée.
- "Orel Butchers" -
Sur les images de ces incidents, entre bouteilles de bières et chaises qui volent, on voit encore, comme à Marseille, des hooligans russes arborant le T-shirt des Orel Butchers, groupe affilié au Lokomotiv Moscou, avec une inscription sans équivoque: "Tour de France - Fuck Euro-2016".
Euro-2016"On se battra", a d'ailleurs assuré à l'AFP un supporter russe à la sortie du train mercredi à Lille. "Peut-être aujourd'hui, peut-être aussi après-demain, qui sait? Mais pas dans les stades, c'est pour les tarlouzes. C'est ici que ça se passe", a-t-il menacé.
Lille a été placée sous haute surveillance: la préfecture veut "saturer l'espace urbain de présence policière".
La Russie, pays hôte du Mondial-2018, n'a plus le droit au moindre faux pas de ses supporters. L'UEFA lui a infligé une suspension avec sursis de l'Euro mardi: elle sera disqualifiée au moindre nouvel incident dans un stade impliquant ses supporters.
Disqualifiée, la star portugaise Cristiano Ronaldo l'est dans l'esprit de ses adversaires de mardi soir, les joueurs de l'Islande. "Ses commentaires expliquent pourquoi Messi sera toujours un cran au-dessus de lui", a pesté le défenseur Kari Arnason après le surprenant nul (1-1) décroché par son équipe face au Portugal.
La raison de cette colère? Le triple Ballon d'Or portugais a accusé les Islandais d'avoir "une petite mentalité" et de n'avoir fait que défendre.
Dans le match phare de mercredi, la France, pays hôte, pourra se qualifier si elle bat l'Albanie à Marseille (21h00).
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