"J'ai servi les premières bières à 08H00", raconte Guillaume, barman au Khédive, sans lâcher le manche de la la tireuse. "C'est simple, j'ai fait deux cafés depuis ce matin!"
Ailleurs, certains établissements refusent de servir de l'alcool avant l'heure du déjeuner, "pour limiter les risques" après les violents heurts entre supporters anglais et russes qui ont fait 35 blessés le week-end dernier à Marseille.
"On espère que ce sera pas trop mouvementé", confie Stéphanie, serveuse dans un bar du quartier de la gare de Lille-Flandres. "La police est tout près, ça va", tente-t-elle de se rassurer. Les forces de l'ordre sont effectivement là, en nombre impressionnant.
La veille, des affrontements qui n'ont pas fait de blessé ont eu lieu entre supporters russes et anglais dans cet établissement - les Anglais affrontent les Gallois jeudi à Lens, à une trentaine de kilomètre de Lille. Quatre personnes ont été placées en garde à vue.
"Ceux qui font ça sont des idiots. On a honte pour notre pays", lance Rinat, 42 ans, de Saint-Pétersbourg. Venu avec sa fille de 12 ans et sa nièce âgée de 16 ans, il assistera au match dans le stade, même s'il craint des débordements. "Le pire, ce serait qu'on se fasse disqualifier à cause de ces imbéciles", soupire-t-il, alors que l'UEFA a prévenu la Russie qu'elle serait exclue de l'Euro-2016 au prochain incident provoqué par ses supporters dans un stade.
A la gare Lille-Europe, d'où arrivent les trains venant de Belgique et du Royaume-Uni, de nombreux supporters sont arrivés mercredi matin. En descendant du train, certains se disent "inquiets" et demandent si des affrontements ont déjà eu lieu entre Russes et Anglais.
- "On se battra" -
"Je sais qu'il n'y aura pas de problèmes entre fans anglais et gallois. En revanche, je suis un peu anxieux concernant les Russes", explique Shaun, un des 40.000 à 50.000 supporters britanniques attendus dans la région selon la préfecture du Pas-de-Calais.
"On se battra", assure d'ailleurs un supporter russe. "Peut-être aujourd'hui, peut-être aussi après-demain, qui sait? Mais pas dans les stades, c'est pour les tarlouzes. C'est ici que ça se passe", menace-t-il.
Quelque 15.000 supporters russes et 7.000 Slovaques sont attendus dans la région selon la préfecture du Nord.
Sur le trottoir devant Le palais de la bière, les chaussures collent au pavé, et des gobelets en plastique laissés ici et là la veille jonchent encore le sol. "Ça a déjà été mouvementé hier soir", dit un des directeurs de l'établissement Emmanuel Régnier.
Les jours de match, le bar ferme plus tôt, pour éviter un afflux de fans venant de la fan zone et du stade. "Et aujourd'hui, on n'installera sans doute même pas la terrasse dans la journée", explique M. Régnier, qui comme les 350 établissements de la capitale des Flandres devra fermer les portes à minuit, à la demande de la préfecture. Des restrictions sur la vente d'alcool ont également été prononcées.
"L'alcool, on peut faire sans, mais franchement, on préfère avec!", lance Sam, venu de Birmingham au nord de l'Angleterre. Même s'il dit être là pour "participer à la fête", il ira plutôt voir les matchs dans la fan zone.
"C'est plus sûr. On fait confiance aux policiers français, mais on a vu ce que les Russes disent sur les réseaux sociaux et on préfère ne pas prendre de risque", explique-t-il.
Côté russe, difficile d'imaginer la fête sans alcool. "On aime boire, et même si c'est interdit, on boira", dit en riant un supporter russe.
"Ils font le spectacle, avec eux, ça peut dégénérer n'importe quand", regrette un supporter suisse, qui préfère finalement revendre son billet pour le match Russie-Slovaquie.
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