"Il y avait plus de 1.000 policiers dans les rues qui sont intervenus pour faire cesser les troubles à l'ordre public et cela s'est fait en une heure", a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à Bordeaux, l'une des dix villes-hôtes, en réfutant l'hypothèse d'un "sous-dimensionnement du dispositif de sécurité".
En Angleterre ou en Allemagne, des voix se sont élevées pour critiquer l'action de la police française samedi.
Autre point polémique, le fait qu'aucun hooligan russe n'ait été interpellé, alors qu'ils semblent avoir été en première ligne dans les graves affrontements de samedi en marge d'Angleterre-Russie. Ils ont fait 35 blessés, quasiment tous anglais, dont le plus grave est toujours dans un état "critique" mais stable, selon le procureur de Marseille Brice Robin.
Les forces de l'ordre françaises "n'ont pas su gérer le mouvement d'ultras russes", a déclaré à l'AFP Geoff Pearson, spécialiste des supporters radicaux à l'université de Manchester, qui était à Marseille samedi. Elles "n'avaient pas la situation en main", a renchéri le journal allemand Der Spiegel.
En France, l'opposition s'est emparée de l'affaire. Guillaume Larrivé, porte-parole du parti Les Républicains, a dénoncé des "dysfonctionnements" et des "failles". Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (LR) a estimé que les autorités locales avaient été "complètement débordées par (les) hooligans et ces gens venus de Russie".
- Fête de la musique -
"Il n'y a pas eu de faille", a rétorqué à distance le procureur de Marseille. "Préparés pour des opérations hyper-rapides et hyper-violentes", les 150 hooligans russes "extrêmement entraînés" ont visiblement déjoué la surveillance policière en évitant d'arriver par avion à Marseille, selon lui.
La Russie n'aurait "jamais dû laisser passer" les hooligans en question, a affirmé à l'AFP le ministre des Sports Patrick Kanner, en dénonçant une "absence de coopération regrettable".
Pour éviter de nouveaux incidents lors du match Ukraine-Pologne, programmé à Marseille le 21 juin, la ville a pris une décision rarissime: repousser la fête de la musique, événement populaire qui draine des milliers de gens dans les rues jusque tard dans la nuit. Elle aura lieu le 23 juin, journée sans match à l'Euro, tout comme le 24 juin.
Au tribunal correctionnel de Marseille, plusieurs peines de prison ferme ont été prononcées dans l'après-midi contre des supporters qui ont participé aux violences du week-end.
La plus lourde, un an ferme, a visé un Français de 29 ans, condamné pour avoir notamment frappé dans la nuit de jeudi à vendredi trois personnes, à coups de pieds, de poing et de ceinture.
Cinq supporters britanniques ont été condamnés à des peines allant de un à trois mois de prison ferme, principalement pour des jets de cannettes de bière, qui n'ont pas fait de blessés.
- Alcool -
Les violences du week-end ont également entraîné un débat sur la consommation excessive d'alcool par les supporters.
Lundi, suivant les instructions du ministre de l'Intérieur, les préfets du Rhône et de Haute-Garonne ont interdit la vente d'alcool à emporter les jours de match dans l'agglomération de Lyon (où a lieu le match Belgique-Italie lundi à 21h00) et les veilles et jours de match à Toulouse (où Espagne-République tchèque, 1-0, s'est déroulé sans accroc). Une décision similaire doit être prise à Marseille.
"C'est une fausse bonne solution (...) C'est de l'ordre de l'effet d'annonce", a jugé Ronan Evain, coordinateur du programme "FSE - Fans' Embassies" chargé d'accueillir les supporters à l'Euro.
Autorités françaises et instances du foot veulent afficher leur fermeté. L'UEFA a menacé dimanche l'Angleterre et la Russie d'être disqualifiées de l'Euro si des violences telles que celles de Marseille se reproduisent.
Si la fédération russe a condamné ces incidents, un de ses responsables, le député ultra-nationaliste Igor Lebedev, a tweeté: "Je ne vois pas ce qu'il y a de mal avec le fait que des supporteurs se battent. Bravo les gars. Continuez!"
L'instance européenne du football a parallèlement ouvert une procédure disciplinaire contre la fédération russe pour les débordements de ses supporters dans le Vélodrome samedi. Le verdict est attendu mardi: la Russie risque un retrait de points pour les éliminatoires de l'Euro-2020.
Quelles sont maintenant les rencontres à surveiller? Le prochain match des Russes aura lieu mercredi à Lille et celui des Anglais le lendemain, à 40 km de là, à Lens, ce qui pourrait favoriser de nouveaux heurts entre supporters. Allemagne-Pologne jeudi au Stade de France est également classé à risque.
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