"Je choisis de parler", a répondu l’accusé à la présidente qui lui notifiait son droit au silence, précisant qu’il reconnaissait les faits. Vêtu d’une chemise bordeaux, Bousselat, carrure charpentée et menton en avant, balaie du regard la salle sans s’attarder sur sa victime, assise à quelques mètres.
Cette première journée devant la cour d'assises du Gard a révélé les deux personnalités, totalement opposées, de la victime et de l'accusé : une adolescente mature face à son ravisseur à "la situation psychique préoccupante".
"C’était vraiment une ambiance de mort", résume un gendarme pour décrire les sept jours que Chloé a passés avec Kamel Bousselat qui l’a enlevée le 9 novembre 2012 devant son domicile à Barjac puis l’a séquestrée et violée à plusieurs reprises lors d’un périple en France, puis en Italie et en Allemagne.
L’adolescente avait été retrouvée le 16 novembre 2012 dans le coffre d’une voiture accidentée près d'Offenburg, à une trentaine de km de Strasbourg. Pris en chasse par la police allemande pour un vol, son ravisseur avait finalement été stoppé dans sa fuite en percutant un autre véhicule, ce qui avait permis son interpellation.
-"Elle a sauvé sa vie en maintenant un lien"-
A la barre, l’enquêteur s’est dit "surpris par la maturité" de la jeune fille, âgée aujourd'hui de 19 ans, relatant qu'elle avait "essayé de capter la confiance" de Bousselat en établissant un dialogue avec celui qui lui a fait subir, outre les viols, une "violence morale énorme".
"Elle a eu une réponse de stress adaptatif, malgré son effroi. Elle a créé un lien avec son agresseur qui lui a évité une mort psychique", a expliqué une experte psychologue.
"Elle a sauvé sa vie en maintenant un lien. Elle s’est donné ce fil conducteur construit comme un moyen de défense. Je ne sais pas ce qui se serait passé s’il n’y avait pas eu un lien", a développé un expert psychiatre.
Un autre expert psychiatre a relevé "la dangerosité" de l’accusé qu’il avait déjà examiné lors de son incarcération pour une série d’agressions sexuelles en 2007. Pour ces faits, il avait été condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l’épreuve et était sorti de prison le 14 septembre 2012, soit moins de deux mois avant le rapt de Chloé.
"C’est quelqu’un qui ne présente pas de pathologie mentale, mais qui présente de manière ancienne des troubles graves de la personnalité qui pendant des années se sont manifestés par des comportements délictueux et qui à un moment donné, sans qu’on sache pourquoi, ont basculé en 2007 dans des faits de nature sexuelle", a détaillé l’expert psychiatre.
Bousselat a expliqué avoir "depuis l’adolescence des pulsions" et prendre "un traitement de castration chimique depuis qu’il est en détention". Lors de sa garde à vue, il avait expliqué qu’il réclamait des soins depuis 2007, mais le psychiatre a rappelé qu'à sa sortie de détention en 2012, Bousselat n’avait respecté aucune de ses obligations, notamment celle de se soigner.
Le verdict est attendu mercredi.
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