"Les Russes ressemblaient à un escadron de la mort tout vêtu de noir. Et la police ne faisait que regarder". Ce témoignage rapporté lundi dans le Times de George Amos, supporter anglais de 29 ans pris à partie sur le Vieux-Port avec son frère Harold, résume le ressentiment général côté anglais.
"Ils étaient environ 300 à surgir de nulle part. Ils attaquaient tout le monde. C'étaient des vrais combattants de rue, ils avaient des protège-dents et des gants de MMA (Mixed Martial Arts)", a ajouté Harold.
"On s'est retrouvés nez à nez avec une bande de sauvages, des bandits bodybuildés pleins de haine. J'ai eu un flashback, j'ai vu les corps à Hillsborough et j'ai pensé: mon Dieu, ça recommence", a raconté au Sun Steve McLean, 47 ans, décrivant la scène à l'intérieur du stade Vélodrome après le match Angleterre-Russie samedi.
"Le mal était dans leurs yeux. Ils s'attaquaient à tout le monde, femmes ou enfants", a ajouté un autre témoin, Brian Gurler, 55 ans.
Dans la presse britannique, le supporter anglais est d'abord représenté en victime, après les violences ayant fait au moins 35 blessés à Marseille ce week-end.
- "Gangs russes organisés"-
La Fédération anglaise a dit prendre "très au sérieux" une lettre de l'UEFA menaçant les deux équipes de disqualification en cas de nouveaux débordements.
"Les fans russes nous attaquent mais c'est NOUS qui recevons un avertissement", préfère s'émouvoir le Daily Star.
Certes, les supporters anglais ont leur part de responsabilité, admet la presse. Six Britanniques sont jugés lundi pour violences, alors que la police n'a pu interpeller aucun des 150 hooligans russes "extrêmement entraînés", selon le procureur.
Mais ce n'est qu'une "petite minorité", assure Mark Roberts, responsable de l'unité spécialisée dans le football de la police britannique.
"Les troubles nés à l’origine du comportement pénible et embarrassant de hooligans anglais ont été exacerbés par ce qui ressemble à une action totalement coordonnée de gangs russes organisés", estime également le directeur général de la Fédération anglaise, Martin Glenn.
Les hooligans anglais ont longtemps constitué la référence en la matière et en gardent un certain prestige. Mais, alors que leurs éléments les plus virulents ont été interdits de sortie de territoire britannique, ils ne semblent plus faire le poids face aux "hooligans 2.0" venus d'autres pays.
- La police épinglée -
"Nous sommes venus démontrer que, en fait, les Anglais sont des fillettes", a expliqué Vladimir, un hooligan russe ayant participé aux violences à Marseille et joint au téléphone par l'AFP à Moscou.
Les ultras russes sont accusés de tous les maux, mais la police française aussi en prend pour son grade dans la presse britannique, notamment pour son utilisation de gaz lacrymogène, une pratique très inhabituelle au Royaume-Uni.
Même la femme de l'attaquant anglais Jamie Vardy s'est plainte sur Twitter d'avoir été "gazée sans raison, enfermée et traitée comme un animal".
Spécialiste du hooliganisme et chercheur à l'université de Manchester, Geoff Pearson a évoqué "une erreur de stratégie" dans une interview dimanche à l'AFP. "La mauvaise tactique de la police est la vraie responsable", écrit-il lundi dans le Times.
"C'était un mélange de laisser-aller et d'interventions extrêmement musclées. Une première bagarre entre Français et Anglais jeudi au pub Queen Victoria a provoqué une déferlement de gaz lacrymogènes et de chiens. Pour le reste, les policiers anti-émeutes se sont contentés de prendre une pose méchante à côté de leurs camionnettes", déplore Barney Ronay dans le Guardian.
Au-delà du comportement de la police, le journaliste accuse aussi l'UEFA et la ville de Marseille pour un "manque total et abject de planification". Et dit craindre le pire pour la semaine à venir dans le nord de la France, où doivent se dérouler Russie-Slovaquie, à Lille mercredi, et Angleterre-Galles à Lens le lendemain.
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