Alors que tous les yeux sont braqués sur la France touchée par les grèves d'éboueurs, de cheminots et de pilotes, le Premier ministre et le président de la République avaient haussé le ton dès jeudi soir.
En marge d'un déplacement à Clermont-Ferrand, Manuel Valls, interrogé sur une possible réquisition de conducteurs, n'a exclu "aucune hypothèse" pour acheminer les spectateurs des matches de football.
Quelques minutes plus tard, François Hollande a promis que "l’État prendra(it) toutes les mesures nécessaires" vendredi, jour du premier match. "S'il doit y avoir des décisions, elles seront prises", a-t-il prévenu.
Vendredi matin, le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a lui aussi joué la carte de la fermeté en affirmant qu'"il n'y aura(it) aucune tolérance par rapport à des agissements qui remettraient en cause la grande fête dans laquelle la France s'engage".
Côté apaisement, la ministre du Travail Myriam El Khomri s'est dite "prête à recevoir Philippe Martinez (le numéro 1 de la CGT, ndlr) dans la minute si cela peut permettre de lever tous les blocages dans le pays".
Celui-ci a déclaré vendredi à l'AFP être "disposé" à rencontrer la ministre "même ce week-end", tout en prévenant que la mobilisation continuerait.
"Pas question de nous faire du chantage à l'Euro", a lancé M. Martinez, qui reconnaît cependant que "bloquer les supporters" ne donnerait pas la "meilleure image" de la CGT.
Vendredi, à quelques heures du coup d'envoi du match France-Roumanie, M. Martinez a d'ailleurs assuré au Parisien que les "militants de la CGT (avaient) reçu une consigne pour que tous les supporters puissent accéder au Stade de France".
- 'dialogue' plutôt que 'coups de menton' -
Les appels au "dialogue" se sont multipliés. "Il faut sortir de l'impasse en reprenant le dialogue, il n'y a pas d'autre solution", a affirmé Alain Juppé (Les Républicains), favori des sondages pour la présidentielle.
"Je prône le dialogue plutôt que les méthodes qui consistent à s'envoyer des coups de menton à la figure", lui a fait écho la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), qui goûte peu l'article 2 de la loi El Khomri, point central de la contestation.
"Si le gouvernement retirait un ou deux articles et les renvoyait à la négociation (...) je pense qu'on pourrait débloquer la situation", a de son côté estimé l’ex-ministre de l'Education Benoît Hamon, regrettant la "posture" intransigeante du Premier ministre.
L'exécutif pourrait-il faire un geste ? Il n'en laisse en tout cas rien paraître. "Le gouvernement n'a pas l'intention de retirer ce texte ni même de le détricoter", a martelé vendredi Mme El Khomri. "Le gouvernement ne bougera pas sur l'article 2", confirme un proche de M. Valls.
Alors que la contestation dure depuis plus de trois mois, l'exécutif semble parier sur l'essoufflement de la mobilisation et sur une marginalisation des opposants.
"Martinez a eu ce qu'il voulait, devenir le chef incontesté de la CGT. Je pense qu'il veut atterrir", analyse ce proche du Premier ministre.
Pour lui, une issue à la crise est possible "si on règle les conflits parallèles, si on change trois virgules au texte de loi, si la France gagne l'Euro !". Conformément à cette stratégie, l'exécutif a multiplié depuis deux semaines les concessions (SNCF, routiers, intermittents, enseignants, aviation civile, etc).
"Hollande attend juillet. Il attend que les escargots dégorgent (...) C'est comme la crue: lentement, ça descend", analyse un autre responsable du PS.
Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen fustige un mouvement de protestation conduit par "une petite minorité" pour qui la loi travail n'est qu'un prétexte.
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