Après deux ans de rencontres dénuées de tout enjeu, la transition risque d'être brutale pour les Bleus de Didier Deschamps. Leur beau bilan de la saison (9 victoires en 10 matches) ne vaudra plus grand chose au moment de pénétrer dans l'enceinte de Saint-Denis avec la pression de tout un pays derrière eux.
Un pays traumatisé par les attentats de 2015, plombé par un climat social lourd et qui espère trouver un exutoire dans l'Euro. En rêvant que les Bleus fassent aussi bien que leurs illustres prédécesseurs dans les phases finales organisées sur le sol français (Euro-84, Mondial-98).
"On a l'obligation d'aller au bout", a reconnu mercredi le gardien numéro deux, Steve Mandanda
Un réel engouement populaire accompagne cette équipe depuis plusieurs jours, vérifié lors de ses passages à Biarritz, Nantes et Metz. Toute la question est de savoir si elle aura les épaules assez larges pour en être à la hauteur.
Les absences pour raisons extra-sportives (Benzema, Sakho) ou blessures (Varane, Mathieu, Diarra) ont considérablement fragilisé l'édifice d'une formation qui attaque cet Euro sans 5 titulaires du Mondial-2014, conclu en quart de finale.
Les accusations de racisme proférées contre Deschamps par Eric Cantona et Benzema n'ont fait qu'alourdir encore un peu plus le climat.
Prudent, le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a d'ailleurs évoqué les demi-finales comme objectif minimum.
- Le spectre de 2008 -
Les Bleus vont vivre les dernières heures qui les séparent de ce match loin de leur repaire de Clairefontaine. Ils ont rejoint jeudi midi un hôtel parisien dans le quartier de Bercy, puisque la veille des rencontres, les équipes doivent séjourner à moins de 60 km du stade.
Ex-capitaine des champions du monde, Deschamps doit se souvenir de l'entrée en lice des Bleus en 1998 face à l'Afrique du Sud (3-0). Il sait l'importance d'un succès inaugural dans la quête du sacre et la nécessité de bien démarrer la compétition sous peine d'attiser le scepticisme.
Ensuite, les Bleus se frotteront à l'Albanie, le 15 juin à Marseille, et à la Suisse, le 19 juin à Lille.
Mais la partie ne s'annonce pas simple contre la Roumanie, de retour dans une phase finale après 8 ans de purgatoire. Meilleure défense des qualifications, elle se présentera au SDF avec un bloc hermétique qui sera difficile à bouger.
La hantise côté français est de revivre le scénario du premier match de l'Euro-2008 face au même adversaire, conclu par un piteux 0-0 et prélude au premier fiasco de l'ère Raymond Domenech (élimination au 1er tour).
- Griezmann et Pogba attendus -
Deschamps pourra toujours miser sur un réservoir offensif d'une rare richesse. Il y a une vie sans Benzema, voire une plus belle avec Dimitri Payet, Kingsley Coman, Anthony Martial et même Olivier Giroud, devenu l'avant-centre N.1 après la disgrâce de son rival madrilène.
Malgré les sifflets, vite étouffés, il marche sur l'eau (7 buts en 7 rencontres) et son profil d'attaquant-pivot pourrait avoir son importance face à une défense fermée à double tour.
Mais ceux que tout le monde guette se nomment Antoine Griezmann et Paul Pogba, dont les supporters attendent qu'ils marchent dans les pas de Michel Platini et Zinédine Zidane, les héros de 1984 et 1998.
Promu leader d'attaque avec la non-sélection de Benzema, "Grizi" est vu comme l'une des vedettes potentielles de l'Euro. Reste à savoir si le joueur de l'Atletico Madrid aura digéré sa défaite en finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid.
De Pogba, la France espère ses éclairs de génie qui ont fait de ce milieu de 23 ans, élu meilleur jeune du Mondial-2014, l'un des joueurs les plus convoités de la planète.
Si le verrou roumain finit par sauter, la défense, remodelée en catastrophe et source d'inquiétude, pourra respirer. Sinon, la fête risque d'être gâchée, à peine commencée.
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