Après le dépouillement de 99,08% des bulletins, M. Kuczynski, le candidat de centre-droit, obtenait 50,16% des voix, contre 49,84% à sa rivale de droite, fille de l'ancien président péruvien Alberto Fujimori, actuellement emprisonné pour crime contre l'humanité.
Selon ce résultat officiel encore partiel, les deux candidats étaient séparés à 01h00 GMT mercredi par 55.259 voix, une différence minuscule dans un pays de 31 millions d'habitants.
"Comme les pourcentages, l'écart des chiffres absolus se réduit mais nous sommes toujours devant, avec quelque 50.000 voix de différence en faveur de (Pablo) Kuczynski", a déclaré dans le camp de M. Kuczynski le candidat à la vice-présidence Martin Vizcarra.
Le camp de Keiko Fujimori a aussi maintenu ses propres calculs. "Les deux candidats se rapprochent (...) Nous avons bon espoir, nous sommes optimistes et nous allons améliorer notre performance", a affirmé Pedro Spadaro, l'un des porte-parole, après une réunion avec la candidate.
M. Spadaro, également parlementaire fujimoriste, a assuré qu'il manquait encore les bulletins du VRAEM, la vallée de la forêt centrale du Pérou, où sévissent les narcotrafiquants et qui sert de refuge aux derniers membres de la guérilla communiste du Sentier lumineux, que le père de Keiko Fukimori avait combattus dans les années 1990. Selon M. Spadaro, le camp Fujimori a largement gagné dans cette région.
Tandis qu'avançait lentement le dépouillement des derniers bulletins, les sympathisants de Mme Fujimori et de M. Kuczynski ont annoncé qu'ils manifesteraient devant les bureaux des autorités électorales péruviennes (ONPE) pour défendre leur vote.
Le chef de l'ONPE, Mariano Cucho, a appelé à la patience, précisant que les résultats définitifs seraient connus jeudi au plus tard. Certains bulletins de l'Amazonie doivent notamment arriver par bateau, et des problèmes de sécurité et géographiques rendent difficile le transport des procès-verbaux dans le VRAEM.
L'enregistrement des procès-verbaux des votes de l'étranger est prévu entre mercredi et jeudi.
"Nous sommes optimistes", a lancé M. Kuczynski aux journalistes alors qu'il se rendait à un club de golf de Lima.
Sa rivale âgée de 41 ans a passé une partie de la journée dans son local de campagne. Elle a dit "attendre avec beaucoup de prudence", misant sur le vote de certaines régions rurales, qui lui sont a priori favorables.
- Renversement de dernière minute? -
Seize ans après la démission d'un Alberto Fujimori fuyant alors la justice, le Pérou montre à quel point il reste profondément divisé face à son héritage.
M. Kuczynski, un vétéran de la politique péruvienne, a promis "un gouvernement de consensus" pour succéder au président de gauche Ollanta Humala, au pouvoir depuis 2011.
S'il est élu, ce sera une énorme surprise après des mois où "Keiko", candidate pour le parti Fuerza Popular, était largement favorite. Il aura profité du rejet suscité par sa concurrente, pénalisée par l'ombre de son père Alberto, à la tête du Pérou de 1990 à 2000 et aujourd'hui âgé de 77 ans.
Il a laissé le souvenir d'un homme à la poigne de fer face à la guérilla communiste du Sentier lumineux, au cœur d'un conflit interne ayant fait 70.000 morts ou disparus. Son bilan sulfureux lui a valu d'être condamné à 25 ans de prison pour corruption et crime contre l'humanité, après une fuite rocambolesque au Japon.
Au premier tour le 10 avril, Mme Fujimori avait raflé 39% des suffrages contre 21% pour M. Kuczynski, tandis que son parti emportait la majorité absolue au Parlement. Mais durant la campagne, son camp a été accusé de corruption, blanchiment d'argent et trafic de drogue. Des milliers de Péruviens ont manifesté pour dire "non à Keiko".
"PPK" a largement profité des "votes antifujimorisme", selon Luis Benavente, directeur de l'institut de sondages Vox Populi. Mais s'il est élu, il devra faire face à "un Parlement hostile" et "devra faire un travail important de dialogue" avec le camp adverse.
Tout en prenant ses distances avec son père, Keiko Fujimori mise sur un ambitieux plan sécuritaire digne de ce dernier, pour répondre à la principale préoccupation des Péruviens, dans ce pays parmi les premiers producteurs au monde de cocaïne, miné par la violence du crime organisé et la pauvreté.
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