Le chef du parti europhobe Ukip Nigel Farage et le Premier ministre conservateur se sont pliés à deux sessions successives de questions-réponses séparées avec le public sur la chaîne privée britannique.
Cette bataille d'idées s'est terminée à 22H00 locales (21H00 GMT), tout juste deux heures avant la clôture à minuit des inscriptions pour le vote du 23 juin, alors qu'une faible participation pourrait favoriser le camp du Brexit, plus mobilisé.
Lundi, selon une moyenne des six derniers sondages établie par le site WhatUKThinks, le camp du Brexit l'emportait avec 51% des voix, mais mardi, cette même moyenne donnait à nouveau le camp du maintien en tête, à 51%.
"Je crains vraiment que si nous sortons, nous allons voir l'économie souffrir... Je dirais que la bonne chose à faire, la chose britannique à faire est de se battre pour une Grande-Bretagne dans l'UE et pas de prendre l'option de la petite Angleterre de Nigel Farage", a conclu David Cameron.
- 'Sortir c'est abandonner' -
Celui qui avait pour mission, avec cette intervention, d'inciter les Britanniques à s'inscrire pour voter et de convaincre les 10% d'indécis des bienfaits d'un maintien dans l'UE, a mis en garde contre une "illusion de souveraineté" retrouvée dans le cas d'un Brexit (British Exit).
Solide malgré les attaques répétées du public sur son incapacité à limiter l'immigration, David Cameron a également affirmé que "sortir c'est abandonner et je ne pense pas que nous soyons des déserteurs".
Auparavant, Nigel Farage, combatif, a joué le registre patriotique, brandissant son passeport et appelant à ce qu'il redevienne britannique.
"Nous sommes britanniques, nous sommes mieux que ça, nous n'allons pas nous laisser intimider par quiconque, surtout pas par le non-élu, aussi charmant soit-il, Jean-Claude Juncker", a-t-il martelé après avoir développé largement les problèmes liés, selon lui, à une immigration incontrôlée.
Il s'est vu notamment reprocher par une spectatrice "d'accroître les peurs et la discrimination au Royaume-Uni" après avoir mis en garde les femmes du pays contre les risques d'agressions sexuelles de la part des migrants, à la manière de ce qui s'est passé à Cologne, en Allemagne, pendant le Nouvel an.
Nigel Farage s'est défendu de tout racisme en affirmant tenir une ligne "fortement pro-Commonwealth", affirmant également, sur le plan économique, penser d'abord "aux gens ordinaires" avant le PIB du pays.
- 5,6 mds de droits de douane supplémentaires -
Il s'en est une nouvelle fois pris au "même gang" d'experts qui prédisaient un désastre pour le Royaume-Uni lorsque le pays a refusé d'adhérer à la monnaie unique.
David Cameron a, lui, fait valoir "l'extraordinaire consensus" autour de l'idée que le Brexit ferait courir un risque majeur à l'économie britannique.
Avant cet exercice, il avait appelé les Britanniques à ne pas croire "les absurdités colportées" par le camp du Brexit, lors d'une conférence de presse organisée mardi à la dernière minute.
Une nouvelle mise en garde contre une sortie du Royaume-Uni du bloc des 28 est également venue du directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) Roberto Azevedo qui a prévenu que le Royaume-Uni devrait s'acquitter de 5,6 milliards de livres (7,2 milliards d'euros) de droits de douane supplémentaires par an en cas de Brexit.
De son côté, Vote Leave, la campagne officielle pro-Brexit, a publié sur son site un "dossier" sur 50 ressortissants européens accusés de crimes au Royaume-Uni et que la justice britannique ne peut expulser du fait du droit communautaire.
Mardi soir, David Cameron a fait valoir qu'un accord européen allait entrer en fonction "dans les mois qui viennent" et permettrait de vider les prisons britanniques de leurs détenus européens en les renvoyant dans leur pays d'origine, chose impossible en cas de Brexit.
Un total de huit débats télévisés doit permettre d'entendre les arguments des deux camps. Les deux derniers auront lieu les 21 et 22 juin, l'un à la Wembley Arena devant 6.000 personnes, l'autre sur la chaîne Channel 4.
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