"Il y a un moment où, selon une formule célèbre, il faut savoir arrêter une grève", lance François Hollande, dans une interview à La Voix du Nord à paraître mardi, estimant que "le gouvernement a montré sa volonté de dialogue".
"Personne ne comprendrait" qu'un mouvement dans le rail ou l'aérien puisse "empêcher le bon déroulement" de l'Euro "l'événement, avait déjà déclaré dimanche le président de la République, alors qu'une majorité de Français (54%) désapprouve désormais ces grèves et manifestations.
En vain, le gouvernement avait invoqué ces derniers jours la "solidarité" face aux intempéries pour demander l'arrêt de cette grève "incompréhensible".
Si l'exécutif a satisfait ces dernières semaines plusieurs secteurs en donnant des gages, au cas par cas, il refuse de plier sur le texte de la ministre Myriam El Khomri. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, en a fait les frais lundi, en essuyant des jets d'oeufs d'opposants à la loi travail
En face, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL appelle toujours à "renforcer la mobilisation" avec, en ligne de mire, la manifestation nationale du 14 juin à Paris.
Cependant, face à la détermination du gouvernement et l'érosion de la mobilisation, la question d'une sortie de crise commence à poindre dans le camp des opposants.
Et les projecteurs sont maintenant quasi uniquement braqués sur la CGT-cheminots et SUD-rail, les deux syndicats de la SNCF mêlant la revendication du retrait de la loi El Khomri à des garanties sur le régime de travail des cheminots.
Pour la sixième journée consécutive, le trafic est resté perturbé lundi et il le restera mardi, avec en moyenne quatre Intercités sur dix, un Transilien et RER sur deux, deux TGV sur trois et six TER sur dix, selon les prévisions de trafic la SNCF, également affecté en Ile-de-France par les crues.
- 20 millions par jour -
La SNCF évalue à "plus de 20 millions d'euros par jour" le coût de cette grève, qui n'était plus suivie lundi que par 8,5% des personnels, tous métiers confondus, contre 17% le 1er juin, selon l'entreprise. Mais plus d'un conducteur sur deux était encore en grève, a précisé la SNCF.
A l'appel de la CGT-cheminots et SUD-rail, près d'un millier de cheminots, selon la police (le double, d'après la CGT) ont bruyamment manifesté à la mi-journée sous les fenêtres des négociateurs, près de la gare Montparnasse.
"Pepy, ta réforme, quelle Khomri", proclamait une banderole. En marge du rassemblement, des cheminots sont allés sur les voies, entrainant une courte interruption du trafic.
A l'ultime table-ronde direction-syndicats, les discussions avançaient lentement. A 19h00, plus de la moitié des articles du projet d'accord présenté par la SNCF restaient à examiner.
Elles n'avaient pas encore abordé l'article 49, consacré aux possibilités de déroger localement par accords aux règles de travail négociées, "point dur" pour la CGT-cheminots.
La CGT-cheminots et SUD-rail demandent toujours la réouverture des discussions de branche sur une convention collective commune au secteur du rail, qu'ils jugent trop peu "ambitieuse" pour écarter les risques de dumping social.
Sous la pression du gouvernement, le président de la SNCF Guillaume Pepy a dû accepter de conforter l'essentiel du régime de travail actuel des agents SNCF, renonçant à d'importants gains de productivité.
La CGT-cheminots, en mesure de s'opposer avec SUD à un accord, ne dévoilera pas sa position lundi soir. "On prendra le temps nécessaire", a dit à l'AFP son porte-parole.
Dans les autre secteurs, la contestation semble s'essouffler.
Côté pétrole, seules quatre des huit raffineries restaient perturbées par les grèves et dans le secteur des déchets ménagers, quatre sites de traitement, en Ile-de-France et en Ariège, étaient bloqués lundi soir.
La menace de grève reste en revanche forte à Air France où pour des motifs uniquement internes, les pilotes ont déposé des préavis du 11 au 14 juin.
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