"Petit à petit, la démultiplication de problèmes rejaillit sur l'image de la France qui devient tout sauf une destination de sérénité pour un touriste étranger", a résumé vendredi à l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.
Dans cette liste des "images négatives" qui s'accumulent, les attentats de janvier et novembre 2015, les grèves et blocages sociaux à répétition des dernières semaines et les manifestations qui dégénèrent, "mais aussi la chemise arrachée des cadres d'Air France ou le blocage des taxis lors du bras de fer contre Uber", ajoute-t-il.
"La France apparaît donc aussi comme une destination à risque social. Et ce qui est inquiétant, c'est que cela altère non seulement les venues de clientèles qui dépensent beaucoup, mais que cela commence à toucher le cœur de la clientèle à pouvoir d'achat moyen", soit les Allemands, Hollandais ou Britanniques nombreux à passer habituellement leur été en France.
L'Hexagone, avec ses 84,7 millions de touristes étrangers en 2015, "est la première destination au monde et elle entend le rester", a souligné vendredi matin au micro de France Info le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.
Il reconnaît que les attentats ont "provoqué une chute des réservations", tout en rappelant, à l'approche de l'Euro de foot le 10 juin, que la France "a mis le paquet pour la sécurité".
Mais la situation est déjà jugée "critique" par l'association nationale des acteurs de tourisme (Anat), qui estime que les mouvements sociaux ont provoqué "des dizaines de milliers d'annulations ces derniers jours".
"Aujourd'hui il ne s'agit plus d'inquiétudes mais d'une réalité très sombre. Le secteur touristique est déjà fragilisé et certains établissements ne survivront pas", a expliqué à l'AFP Guylhem Féraud, président de l'Anat qui rassemble d'importantes fédérations d'hôteliers et restaurateurs (Umih, Synhorcat), de responsables de campings et de villages de vacances.
- Bateaux-mouches à l'arrêt -
"C'est une catastrophe", renchérit de son côté François Delahaye, directeur général du Plaza Athénée. "Nous avions déjà enregistré une chute de fréquentation de 25% entre le 1er janvier et le 1er mai, et pour le mois de juin, nous envisageons un taux d'occupation de 55% pour le Plaza, contre un taux compris depuis 15 ans entre 85 et 97%!" s'alarme-t-il.
Le directeur du palace parisien indique à l'AFP que la situation est "identique pour le Meurice, l'autre palace parisien du groupe Dorchester, qui pour la même période va enregistrer un taux d'occupation qui ne dépassera pas 58%, contre 92% habituellement pour le mois de juin".
"Ce qui ne nous aide vraiment pas, c'est l'état d'urgence qui est maintenu en France: beaucoup de touristes étrangers annulent leur déplacement ou ne viennent pas car en cas de problèmes rencontrés durant leur séjour, il faut savoir qu'ils ne sont pas couverts par leur assurance", dit-il.
Quant aux touristes qui se trouvent actuellement à Paris, ils ont été douchés en début de semaine par des pluies torrentielles qui ont fait monter le niveau de la Seine, et les privent de bateaux mouches et aussi de visites aux musées du Louvre et d'Orsay, fermés pour mettre une partie de leurs collections à l'abri.
Susan et Alison Mc Scheaffrey, deux soeurs venues d'Edinburgh, ont dit à l'AFP vendredi être "très déçues" de ne pas pouvoir admirer les Impressionnistes dans l'ancienne gare d'Orsay. Elles avaient organisé leur voyage à Paris pour les 70 ans de leur père.
Alors que proposer aux touristes privés de musées ou de dîners-croisières? Sodexo Sport et Loisirs - qui détient 65% des bateaux navigant sur la Seine - indique "rediriger 60% de la clientèle vers d'autres établissements que nous possédons comme le Lido, la Tour Eiffel ou encore la Maison des arts et métiers. Chaque soir c'est quand même 700 personnes à reclasser", résume la directrice générale Nathalie Bellon-Szabo.
Autre joyau touristique national, le château de Chambord, encerclé par les eaux, restait lui aussi fermé vendredi.
Et ce n'est pas l'Euro-2016 de football en France - à partir du 10 juin - qui semble redonner confiance aux hôteliers.
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