Sur les rives jeudi soir, c'est branle-bas de combat pour faire face au pic de la crue, attendu vendredi autour des 6 mètres de haut.
Des poubelles et pièces de bois sont emportées par les flots. Près du port des Champs Elysées, un gros rat mouillé se réfugie sous une rangée de poubelles. Une passerelle provisoire est construite en toute urgence pour permettre l'accès au siège des Bateaux Mouches.
Plus loin, quelques voitures sont englouties sur les berges, prises au piège de la montée des eaux. Et le square du Vert Galant à la pointe de l'île Saint-Louis est complètement submergé.
Mais la sérénité reste de mise. Partout, les passants, qu'ils soient touristes ou Parisiens, se rassurent. "On est loin du record historique de 1910", lorsque la Seine avait atteint près de 9 mètres, entend-on partout.
Quelques pointes d'inquiétudes affleurent néanmoins. Jeudi soir, à la station Saint-Michel, les passagers ne peuvent pas emprunter la ligne 4 du métro vers porte de Clignancourt au nord en raison d'infiltrations apparues le long des murs de la station détrempée, indique un "régulateur de flux" en gilet rouge.
Tout près, sur le quai Malaquais, des techniciens de la SNCF ferment les baies de ventilation du RER C pour "protéger les installations", explique un ouvrier en cherchant un mousqueton pour s'accrocher. Le trafic de la ligne à cet endroit a été suspendu. "Heureusement, nous nous sommes entraînés en janvier pour cette opération", dit-il en souriant.
- "Pour un baptême, c'est un baptême" -
Alec, 43 ans, qui vit depuis son enfance sur une péniche, amarrée près du pont Alexandre III, n'est pas impressionné. Il en a vu d'autres.
"Au début des années 80, nous avons été évacués, l'eau était montée beaucoup plus haut", dit-il en enfilant ses longues bottes de pêche kaki.
Tout près de la Concorde, l'un de ses voisins de fleuve, Dominique, 47 ans, qui requiert aussi l'anonymat, n'est pas tout-à-fait aussi serein: "Pour un baptême, c'est un baptême" lâche-t-il.
Son emménagement dans une péniche, avec compagne, enfants, et chien, date de moins de trois mois et il lui manque encore quelques "trucs" de vieux plaisancier.
"Dimanche, l'eau était à 1,56 mètre, et aujourd'hui on a passé les 5 mètres, ce qui est considérable", dit-il. Alors Dominique a pris deux jours de congés pour sécuriser la péniche en plantant de grosses planches verticales le long de la coque pour l'empêcher d'aller taper sur le mur du quai.
L'eau n'est plus qu'à un mètre du compteur électrique, installé dans le mur. "Si elle monte jusque là, nous n'aurons plus d'électricité" dit-il.
Au pont de l'Alma, le zouave qui sert de repère et de jauge aux Parisiens, a désormais l'eau au niveau des genoux. "Hier, l'eau arrivait seulement aux chevilles", constate un riverain, Laurent Cheronnet, venu prendre une photo souvenir, au milieu de beaucoup de touristes.
Mohamed Amine, sportif maroco-italien, qui vit à Venise, affiche un sourire tranquille. "J'ai l'habitude de marcher dans l'eau jusqu'aux genoux durant l'Aqua Alta" chaque hiver, dit-il. "Pour moi c'est normal, mais à Paris, les gens ne sont pas habitués, alors que c'est la nature".
Le souci principal de Nawal, 28 ans, une Belge qui vit à Paris depuis deux ans, rencontrée sur le pont Alexandre III, c'est de savoir si les berges vont pouvoir être nettoyées à temps pour l'été.
"Dès qu'il fait beau je me promène sur les quais avec des amis et un pique-nique, et je me demande si on va pouvoir le faire cet été. Cela va prendre des mois pour tout nettoyer".
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