Située aux confluents du Loing et de deux autres rivières et traversée par le canal de Briare, la ville, qui se targue pour les touristes d'être la "Venise du Gâtinais", ne pensait sans doute pas prendre le slogan au mot.
"La situation est grave et difficile", a déclaré le député-maire LR de la ville Jean-Pierre Door joint par l'AFP: "Nous avons eu une clinique et une maison de retraite évacuées".
"Notre souci c'est le canal (de Briare), une brèche de 70 mètres s'est créée en amont et il s'est déversé dans le Loing", a poursuivi son 1er adjoint Benoit Digeon. "Ça a amené toute l'eau dans le centre-ville."
Selon lui, quelques immeubles ont été évacués mais les gymnases tenus prêts pour servir d'hébergement d'urgence n'ont finalement pas été sollicités mardi soir.
"La référence, c'est la crue de 1910, et on l'a dépassée de plusieurs dizaines de cm", explique, vers minuit à la cellule de crise, le directeur général des services de la ville, Francis Cammal. "L'eau continue à monter et on n'a pas encore atteint le pic de crue, on l'espère pour cette nuit. On attend la décrue, il n'y a rien d'autre à faire."
Dans la soirée, la plupart des rues du centre-ville étaient interdites à la circulation automobile et une grande partie avaient les pieds dans l'eau, et même, parfois bien plus: jusqu'à 1m80 devant la sous-préfecture, selon M. Digeon. "Le Loing, qui d'ordinaire a une hauteur de 50 cm au coeur de la ville, a atteint 3m50", a-t-il précisé.
Peu avant minuit, une partie du centre-ville a en outre été plongée dans le noir, faute d'éclairage public.
Compte tenu de l'inondation de ses voies d'accès, décision a été prise en début de soirée d'évacuer la clinique de Montargis de ses quelque 60 patients.
Les pompiers ont amené sur place un conteneur avec une demi-douzaine de barques blanches à fond plat à proximité, pour déplacer les patients, pour la plupart âgés.
Au bout de la rue, Angelina, patronne du bar tabac "Le Rallye", a laissé son commerce ouvert pour accueillir les patients évacués avant qu'ils ne soient pris en charge par une noria d'ambulances.
Devant ses "clients" d'un soir, assis sur des chaises roulantes avec des couvertures de survie sur les genoux, Angelina, cheveux frisés et l'air fatigué en cette fin de soirée, trouve cela "normal".
"Il faut être là dans les moments difficiles", ajoute-t-elle alors que sa cave commence à son tour à prendre l'eau.
- 'J'ai déjà fait du bateau, mais ça, jamais!' -
"On était tous dans nos chambres, on avait dîné et puis l'aide soignante m'a dit de ne pas me précipiter pour me coucher", explique Monique Fremy, qui vient d'être évacuée de la clinique. "On est venu me chercher en fauteuil roulant et on m'a mise dans la barque (...) J'ai déjà fait du bateau, mais ça, jamais!".
Chez Angelina, un couple d'amis a aussi trouvé refuge pour la nuit. "On ne peut pas rester chez nous", explique Jean-Pierre Brelot qui a quitté son salon avec 30 cm d'eau. "On a fait ce qu'on a pu pour surélever les meubles, on a même récupéré le petit lapin qui était comme un fou dans sa cage qui flottait...".
"Quand on a commencé l'évacuation de la clinique, on était déjà à saturation au niveau des urgences de l'hôpital", explique Vincent Vandaele, un membre du Samu sur place. "On a ouvert une partie du self du personnel pour faire un sas pour les arrivants."
De nombreux commerces avaient fermé dès la mi-journée mardi mais l'eau ne s'est pas arrêtée aux portes et le réveil, mercredi, risque d'être difficile.
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