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Abidjan (AFP). Côte d'Ivoire: Simone Gbagbo de nouveau devant les juges

Le procès pour "crime contre l'humanité" de Simone Gbagbo, l'ex-Première dame de Côte d'Ivoire, s'ouvre mardi à Abidjan, en l'absence des organisations de défense des droits de l'Homme qui dénoncent leur marginalisation dans la procédure.

Abidjan (AFP). Côte d'Ivoire: Simone Gbagbo de nouveau devant les juges
L'épouse de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, discute avec ses avocats avant l'ouverture de la session d'assises, le 9 mai 2016 à Abidjan - AFP/Archives

Mme Gbagbo, 66 ans, comparaît pour "crime contre l'humanité", "crimes contre les prisonniers de guerre" et "crimes contre les populations civiles", commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.

Ce nouveau procès devrait durer un mois, et verra la participation "de 25 témoins de l'accusation". L'épouse de l'ancien président Laurent Gbagbo est actuellement incarcérée à Abidjan où elle purge une première peine de 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", prononcée l'an dernier.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits de l'Homme (MIDH), qui disent représenter "près de 250 victimes", ont annoncé lundi leur décision de "se tenir à l'écart" du procès.

"Nos avocats n'ont pas eu accès à toutes les étapes de la procédure. Sur quelle base vont-ils donc défendre leurs dossiers?", s'interroge Pierre Kouamé Adjoumani, président de la LIDHO, joint par l'AFP.

"Cela ne servira à rien d'aller faire de la simulation", a-t-il ajouté.

Human Rights Watch (HRW) a de son côté évoqué "un moment charnière pour la justice" si les "victimes" ont droit à un procès "crédible, équitable et suivi par d'autres procès visant les auteurs de violations des droits humains des deux parties de la crise postélectorale de 2010-2011".

La crise, qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois, a été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à l'élection présidentielle de novembre 2010.

"Le principal défi pour l’accusation sera d’identifier des preuves la liant (Simone Gbagbo) aux meurtres, aux viols et autres exactions commises par les forces pro-Gbagbo", a poursuivi l'ONG, qui a déjà dénoncé les insuffisances de son premier procès.

"Ces accusations sont créées de toutes pièces pour faire plaisir à une certaine communauté internationale. Trop c'est trop!", s'est emporté un des avocats de l'ex-Première dame, Me Mathurin Dirabou, en dénonçant des accusations "fantaisistes".

- La CPI hors jeu -

Joël N'Guessan, porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président Ouattara, a assuré de son côté que ce deuxième jugement "n'est pas un procès de trop".

"Comment se fait-il que le nom de cette dame est cité dans des affaires de crimes de guerres? Quel rôle a-t-elle a joué auprès de son mari?", s'interroge M. N'Guessan.

Pour lui, "Mme Gbagbo (...) avait une emprise sur les personnes soupçonnées de crimes".

Cheveux grisonnants et rasés court, robe marron et quelque peu amaigrie, Mme Gbagbo était apparue le 9 mai à l'ouverture de la session d'assises, aux côtés de douze autres justiciables en attente de leur procès.

Le nouveau procès de Mme Gbagbo va s'ouvrir cinq jours après le rejet par la Cour suprême de Côte d'Ivoire de son pourvoi en cassation, rendant ainsi définitive sa précédente condamnation, en mars 2015, à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État.

La tenue de ce procès va également prendre de court la CPI, où elle est poursuivie pour "crimes contre l'humanité". Le tribunal international qui juge actuellement son époux Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ex-ministre de la Jeunesse, a toujours réclamé l'ex-Première dame, mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye.

Le président Ouattara a affirmé début février qu'il "n'enverrait plus d'Ivoiriens" à la CPI, estimant que son pays avait désormais une "justice opérationnelle".

Si les deux camps se sont montrés coupables d'exactions pendant la crise de 2010-2011, aucun responsable pro-Ouattara n'a à ce jour été inquiété, ce qui nourrit les accusations par l'opposition de "justice des vainqueurs".

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