Le 29 février, Le Premier ministre Manuel Valls annonçait un nouveau round de discussions pour calmer l'opposition syndicale. Trois mois, huit journées de manifestations et un 49-3 plus tard, le Premier ministre a certes gagné le soutien précieux de la CFDT --au prix d'un recul partiel-- mais affronte une contestation qui tente de paralyser le pays pour obtenir le retrait du texte.
La situation s'est améliorée ce week-end sur le front de l'approvisionnement en carburants. Mais c'est maintenant la perspective de grèves dans les transports que va devoir affronter l'exécutif, avant la grande journée d'action préparée par l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL), le 14 juin.
Les opposants à la loi en appellent eux de plus en plus à François Hollande, alors que Manuel Valls, soucieux de sauver la réforme majeure de son bail à Matignon, a répété ce week-end qu'il irait "jusqu'au bout".
"La balle est dans le camp du président. On voit bien que la méthode du Premier ministre est à bout de souffle. A force de toujours vouloir passer en force, ça ne marche plus", a attaqué l'ex-ministre PS Benoît Hamon, passé dans le camp "frondeur".
A la SNCF, où de délicates négociations sur le temps de travail des cheminots entrent dans leur phase finale, trois des quatre syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD Rail) ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de mardi soir (la CFDT a levé le sien). Aux motifs internes, la CGT et SUD ont ajouté l'opposition à la loi travail.
Pour les Franciliens, des difficultés sont aussi à prévoir à partir de jeudi à la RATP, avec un appel à la grève "illimitée" de la CGT.
La centrale tente d'étendre le mouvement à d'autres secteurs: lundi matin, le plus gros incinérateur de déchets de région parisienne, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) était bloqué.
Tous les syndicats représentatifs de l'aviation civile ont également appelé à la grève les 3, 4 et 5 juin, même si le conflit n'est pas directement lié à la loi Travail. Le principe d'une grève "longue" a également été voté à Air France contre la baisse des rémunérations des pilotes.
Manuel Valls a tenu lundi une réunion du gouvernement pour renforcer la lutte contre le travail illégal et la fraude au détachement. Il a souligné que de nouvelles mesures encadrant ce système européen, accusé de contribuer à du +dumping social+, figuraient dans la loi El Khomri.
Après le durcissement du gouvernement sur les rémunérations des patrons, le chef du gouvernement adresse au passage un nouveau signal à sa gauche.
Malgré des échanges entre le Premier ministre et les leaders syndicaux ce week-end, dont le dirigeant de la CGT Philippe Martinez, une sortie de crise peine à se profiler: le gouvernement tient fermement à l'article 2 renforçant le poids des accords d'entreprises, le plus contesté.
"Dialoguer oui, cela a toujours été ma position, dénaturer le texte, non", a redit la ministre du Travail Myriam El Khomri à Matignon, invitant à en "respecter la philosophie, et notamment son article 2".
Quelques semaines après la débâcle de la déchéance de nationalité, un nouveau recul signerait pour Manuel Valls "finir avec un destin à la Villepin (...) complètement démonétisé", avertit le politologue de l'Ifop Frédéric Dabi.
Entre le recul et le risque du pourrissement en plein Euro de football (10 juin-10 juillet), "je pense qu'il y a moins de coups à prendre à garder le projet, tout en ouvrant la porte à des modifications, des aménagements".
S'il tient face à la fronde de la rue, le Premier ministre devra aussi survivre à un probable nouveau 49-3 en juillet en deuxième lecture et à la ou les motions de censure qui iront avec.
"S'il n'y a pas d'avancées sur la loi travail, "nous redéposerons une nouvelle version de notre motion de censure", a prévenu Aurélie Filippetti, député PS de Moselle.
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