Six des huit raffineries du pays étaient toujours à l'arrêt ou au ralenti vendredi en début d'après-midi. Mais tous les dépôts pétroliers bloqués en France continentale par des adversaires du projet de loi travail ont été libérés, à l'exception d'un seul (Gargenville dans les Yvelines), selon le secrétariat d'Etat aux Transports.
En tout, 15 dépôts sur la centaine que compte le pays ont été libérés sans incident par les forces de l'ordre, dont celui de Donges (Loire-Atlantique) vendredi matin.
La situation semblait par ailleurs s'améliorer dans les stations-service. Total a précisé que sur ses 2.200 stations, un peu moins d'un tiers (659) étaient en difficulté, contre 815 jeudi. Le groupe a triplé sa flotte de camions habituelle pour réapprovisionner son réseau.
En Auvergne-Rhône-Alpes, sur les 1.780 stations tous distributeurs confondus, 464 manquaient encore de carburant vendredi après-midi contre 544 en début de journée, selon la préfecture de région.
La demande de carburant restait soutenue, comme à Boulogne-Billancourt, où la station Total est "dans une moyenne entre 900 et 1.300 clients par jour", un nombre "facilement doublé" par rapport à la normale, a indiqué à l'AFP la gérante Barbara Laroche.
Les transporteurs et des pétroliers et Transports seront reçus samedi à 11h00 à Matignon par Manuel Valls, pour de nouveau "faire le point sur la situation de l'approvisionnement en carburants, les actions entreprises et celles planifiées".
Parmi ces actions, les agriculteurs ont obtenu une dérogation pour utiliser du fioul domestique dans leurs tracteurs.
En revanche, les compagnies aériennes ont été priées par la direction générale de l'aviation civile (DGAC) de faire le plein de kérosène à l'étranger lorsque leurs appareils s'y rendent. Une mesure préventive, les aéroports parisiens ne manquant pas de carburant.
Les manifestants hostiles à la loi travail sont loin de baisser les bras. L'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL) a ainsi appelé "à poursuivre et amplifier les mobilisations", avant la prochaine journée nationale d'action le 14 juin.
- grèves prolongées -
La grève a été reconduite jusqu'à lundi aux terminaux pétroliers du Havre (qui alimentent Orly et Roissy en kérosène), où le gouvernement a imposé un service minimum.
Les vannes resteront aussi fermées dans les terminaux pétroliers de Marseille, où l'arrêt de travail des personnels a été prolongé jusqu'à mardi.
Statu quo également à la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), dont les salariés ont voté le prolongement de la grève jusqu'au vendredi 3 juin, et à celle de Donges, où la CGT a appelé à un arrêt de travail illimité jusqu'au retrait de la loi travail.
Au dépôt de Gargenville, le plus grand d'Ile-de-France, les employés ont également voté la poursuite de la grève jusqu'au 3 juin.
Par ailleurs, les dockers interdisaient vendredi les accès au port autonome de La Rochelle, sixième port maritime français. La CGT ports et docks a appelé l'ensemble des salarié du secteur à une grève de 24 heures le jeudi 2 juin.
- Hollande inflexible -
Face aux blocages et à la contestation, l'exécutif restait inflexible. "Je tiendrai bon parce que je pense que c'est une bonne réforme", a affirmé François Hollande depuis le Japon et le sommet du G7. Visage fermé, le chef de l'Etat a déclaré que son "premier devoir" était d'assurer "la liberté de circuler" et "le bon fonctionnement de l'économie".
Alors que la crispation se concentre sur l'article 2 du projet de loi, qui consacre la primauté aux accords d'entreprise dans l'aménagement du temps de travail, le Premier ministre, Manuel Valls, a assuré jeudi qu'il "ne toucherait pas" à cette mesure, véritable ligne rouge pour les syndicats contestataires qui redoutent le dumping social.
Selon un sondage Tilder/LCI/Opinionway, 66% des Français pensent que le gouvernement doit retirer la loi travail.
Le chef du Medef Pierre Gattaz l'a en revanche appelé à "résister au chantage" des syndicats contestataires, qualifié d'"irresponsables" usant de "méthodes de voyous".
Le patron de la CGT Philippe Martinez a pour sa part dénoncé le "climat de haine" distillé selon lui par l'exécutif et le patronat.
Jeudi, la huitième journée d'actions a vu près de 300.000 personnes défiler dans le pays selon la CGT, et 153.000 selon les autorités.
Plusieurs blessés ont été recensés en marge des cortèges et rassemblements, parfois émaillés de violences, et 32 personnes ont été placées en garde à vue - 62 dans tout l'Hexagone.
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