La journaliste espagnole Salud Hernandez, retenue depuis une semaine, a été la première à être libérée.
C'est Gabriel Villa, l'archevêque d'Ocaña (nord-est), une localité de la zone où elle avait disparu, qui a annoncé la nouvelle. "Elle a été libérée, c'est confirmé", a-t-il déclaré à la chaîne Caracol Television, sans donner de détails sur les circonstances de sa disparition ou de sa libération.
"Elle est libre", a-t-il ajouté, affirmant avoir parlé avec cette hispano-colombienne de 59 ans, correspondante du journal espagnol El Mundo et chroniqueuse au quotidien colombien El Tiempo. Salud Hernandez était portée disparue depuis samedi dans la région de Catatumbo (nord-est), frontalière avec le Venezuela.
"Je me sens parfaitement bien. Merci beaucoup à l'Eglise catholique. Merci beaucoup à tous les confrères", a déclaré Mme Hernandez sur cette même chaîne, confirmant avoir été retenue par l'Armée de libération nationale (ELN, extrême gauche), la deuxième guérilla de Colombie.
"C'était un enlèvement", a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse.
"Tout s'est passé très vite. Ce qui s'est passé, c'est que le retour n'était pas rapide car, comme on le sait, les routes dans cette Colombie rurale sont un désastre", a ajouté sans plus de précision cette femme qui réside dans ce pays depuis les années 1990.
- 'Nous allons bien' -
Peu de temps après, Diego D'Pablos et son collègue Carlos Mesa, de la radio-télévision colombienne RCN, qui étaient retenus également par la guérilla dans la municipalité d'El Tarra, dans le département de Norte de Santander, près de la frontière vénézuélienne ont été libérés. Les deux hommes enquêtaient sur la disparition de Salud Hernandez.
"Nous allons bien tous les deux", a déclaré D'Pablos, cité par RCN dans un tweet.
Ils ont été "bien traités", a-t-il ajouté.
Après s'être entretenu avec la journaliste, Andrés Mompotes, le directeur adjoint du quotidien El Tiempo où elle collabore, a déclaré à l'AFP que Salud Hernandez était transportée dans un véhicule appartenant à l'Eglise.
"Salud a été remise à une commission de l'Eglise et se trouve en ce moment dans une voiture de l'Eglise entre San Francisco et Teorama (deux localités du département de) Norte de Santander", a-t-il précisé. "J'ai été bien traitée", a-t-elle affirmé selon M. Mompotes.
Après plusieurs jours d'incertitudes, le gouvernement a affirmé jeudi que l'ELN était responsable des disparitions de ces trois journalistes, qui intervenaient à un moment particulièrement sensible.
"A partir de maintenant, la responsabilité de l'intégrité et de la liberté de ces trois citoyens repose exclusivement sur l'ELN", avait déclaré le ministre de la Défense, Luis Carlos Villegas.
- 'Mesures de routine' -
L'Armée de libération nationale (ELN), deuxième guérilla du pays existant depuis 1964, s'est justifiée dans un communiqué qu'il a remis à Salud Hernandez, qui s'est refusée à le lire, déclarant qu'elle n'était pas "un porte-parole de ces bandits".
"La détention de la journaliste obéit uniquement à des mesures de routine afin de neutraliser les infiltrations ennemies", a déclaré l'ELN dans son communiqué.
De son côté, le président colombien Juan Manuel Santos s'est félicité de cette nouvelle. "C'est une information qui remplit de joie les Colombiens et le monde entier", a-t-il déclaré.
Il a également remercié de leurs interventions l'Eglise catholique et le Défenseur du Peuple, une institution publique chargée de la défense des droits de l'Homme qui ont permis la libération des trois journalistes.
"Nous n'entamerons aucune négociation si l'ELN ne libère pas tous les otages et ne renonce pas définitivement à ce crime contre l'humanité", a-t-il ajouté.
Le gouvernement et l'ELN avaient annoncé fin mars le lancement de pourparlers de paix officiels après plus de deux ans de conversations préliminaires confidentielles.
Mais les enlèvements de civils par cette guérilla qui compte encore 1.500 combattants sont considérés comme le principal obstacle à l'ouverture de ces pourparlers, initialement espérés pour fin mai.
Dans un geste inédit, les Farc, elles-mêmes responsables de nombreux enlèvements par le passé et qui ont renoncé à cette pratique dans le cadre des pourparlers de paix engagés depuis fin 2012, avaient appelé vendredi à la libération de la journaliste.
Depuis plus d'un demi-siècle, le complexe conflit colombien, le plus ancien d'Amérique latine, a impliqué guérillas d'extrême gauche, milices paramilitaires d'extrême droite et forces armées, sur fond de violences des trafiquants de drogue ayant fait au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,8 millions de déplacés.
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