"Il n'y a pas assez à manger, pas de douches et pas de médecin. Nous ne pouvons pas uniquement nous nourrir de croissants", dit-il à l'AFP devant le camp tout juste ouvert de Derveni, à une dizaine de kilomètres de Thessalonique, la grande métropole du nord du pays.
Il fait partie des quelque 4.000 migrants transférés par la police depuis mardi du camp improvisé d'Idomeni vers des centres aménagés, censés leur apporter un peu de confort après des mois de sommeil dans les champs détrempés, avec accès très limité aux installations sanitaires et à la nourriture.
Les ONG ont d'abord plutôt bien accueilli l'opération de police lancée mardi matin pour vider Idomeni, et dont la police a annoncé la conclusion jeudi.
Outre les déplorables conditions de vie pour ceux s'y entassant parfois depuis près de trois mois, les autorités locales avaient commencé à redouter la délinquance et la propagation de maladies.
Mais mercredi, l'ONG "Save the Children" commençait à recenser déjà de gros problèmes dans les nouveaux sites.
"Lorsque les familles sont arrivées dans les nouveaux camps, beaucoup avec des bébés et de jeunes enfants, elles ont découvert des conditions déplorables", a remarqué dans un communiqué la chef de mission Amy Frost, évoquant des conditions "inhumaines".
"Il y avait très peu de nourriture et d'eau, et seulement quatre toilettes incroyablement sales, pour près de 200 personnes," a-t-elle ajouté au sujet d'un de ces camps.
Jeudi, le groupe d'entraide International Rescue Committee a déclaré que les services essentiels étaient "insuffisants" et que de nombreuses personnes avaient préféré repartir des centres.
"Les sites de destination ne sont pas prêts actuellement", a assuré dans un communiqué Rowan Cody, coordinateur d'IRC pour le nord de la Grèce.
"Tous les sites doivent répondre aux normes humanitaires. Il ne s'agit pas que de survie, ces sites doivent couvrir les besoins de base des réfugiés, mais aussi aider ceux qui ont un besoin crucial de protection", a-t-il ajouté.
- 'Pas une solution' -
"C'est peut-être un peu mieux qu'Idomeni, mais ce n'est pas une solution", estime Nidal, 29 ans, lui aussi d'Alep et nouveau pensionnaire de Derveni, où il dit se "sentir prisonnier".
"Nous sommes au milieu de nulle part", ajoute Juan. "Nous n'avons pas de connexion internet, j'ai deux enfants de 8 et 11 ans. Est-ce qu'ils vont être scolarisés?", s'inquiète-t-il.
Environ la moitié des campeurs d'Idomeni encore recensés lundi, quelque 4.000 personnes,se sont d'ailleurs égayés dans la nature lors de l'opération d'évacuation, qu'ils aient rejoint les centres par leurs propres moyens, ou se soient installés dans des hôtels et stations-services non loin du camp initial.
Dans un autre entrepôt aménagé en centre d'accueil, à Kalohori, à sept kilomètres de Thessalonique, une esclandre a failli éclater jeudi quand un Syrien a demandé à être servi davantage à manger.
Quand le militaire surveillant la cantine lui a répliqué qu'il avait déjà eu sa part, il lui a envoyé sa cigarette à la figure. Les deux hommes ont été retenus d'en venir aux mains.
En visite à Idomeni, le ministre adjoint de l'Intérieur, Nikos Toskas a reconnu que "les conditions doivent encore être améliorées" dans les nouveaux centres.
"Nous sommes en train d'y travailler", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale. "Nous avons choisi ces installations, car les migrants eux-même voulaient rester près de la ville", a ajouté ce responsable.
Reste que pour les réfugiés et migrants, l'installation dans ces camps est très loin des nouvelles vies qu'ils avaient espéré se construire en Allemagne ou en Suède quand ils se sont mis en route.
A l'époque, Idomeni n'était qu'un camp de transit, un point de passage sur la route menant au nord de l'Europe. Mais jusqu'à 12.000 personnes s'y sont retrouvées bloquées après la fermeture des frontières européennes début mars.
"Mon frère est en Allemagne, c'est là que je veux aller, je ne veux pas rester en Grèce. Je veux vivre et travailler comme un être humain, mon rêve n'est pas de vivre dans une tente, qu'elle soit plantée dans un entrepôt ou un champ", se désole Samir, un Syrien de 22 ans.
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