Ils étaient 500, parties civiles et avocats, convoqués mercredi après-midi à l'Ecole militaire à Paris pour une rencontre avec le juge Christophe Teissier, les cinq autres magistrats chargés de l'enquête et trois représentants du parquet de Paris.
La veille, ceux-ci avaient reçu les rescapés et proches de victimes des autres attaques du 13 novembre, contre les terrasses de cafés et restaurants parisiens et contre le Stade de France.
Certains participants de mercredi attendaient cette réunion, d'autres la redoutaient. Certains voulaient savoir ce qui s'est passé, d'autres ce que sera la suite de la procédure.
"On n'a pas tous la même quête, les mêmes attentes", confie à son arrivée Anne-Cécile Dupuis, une chargée de communication de 43 ans, en s'attendant à une après-midi "éprouvante".
"Je m'attends à entendre des détails que je n'ai pas envie d'entendre", redoute-t-elle. Pendant les trois mois qui ont suivi les attaques, elle a "fui les infos". Alors, face à "la douleur et le traumatisme toujours très présents", elle a "essayé de se blinder" avant de venir.
Comme la veille, le juge Teissier détaillera à tous la chronologie des événements établie grâce à l'exploitation des enregistrements de la police et à un enregistreur retrouvé au Bataclan, évoquera la collaboration internationale et les perspectives de l'enquête.
"L'aspect le plus important de cette réunion n'est pas tant sur l'état de l'enquête que sur la mise en place d'une relation directe entre les victimes et les juges", estime l'avocat Gérard Chemla, qui défend plus de 70 personnes dans le dossier du Bataclan.
"C'est la démonstration que l'on s'occupe des victimes, qu'on s'investit sur ce dossier. C'est aussi une manière de leur expliquer comment les choses marchent. Et puis beaucoup ont des questions, des coups de gueule", souligne-t-il.
- La sécurité du Bataclan en question -
La veille, les questions ont déferlé durant trois heures.
"Il y a autant de questions différentes que de victimes", explique l'avocate Aurélie Coviaux.
"Je veux me rendre compte de ce qui s'est passé", affirme un homme, blessé au Bataclan, qui veut rester anonyme.
"J'aimerais aussi savoir combien de temps durera l'enquête, ce qu'il adviendra de Salah Abdeslam... Au-delà du traumatisme qu'on a subi, ça contribue à être sûr que justice sera rendue", souligne Anne-Cécile Dupuis, venue "sans haine, sans esprit de revanche".
"Ma préoccupation première, c'est les conditions de détention des terroristes pour qu'ils ne puissent pas refomenter un attentat", explique de son côté Marion, une photographe de 39 ans blessée le 13 novembre: "Deux jours après l'arrestation d'Abdeslam, il y a eu des attentats. Qu'est-ce qui me dit que maintenant qu'il est en France, il ne va pas y avoir de nouveaux attentats ici ?"
Gérard Dubois, dont le fils est mort dans la fosse du Bataclan, "espère que l'instruction ne s'arrêtera pas au terrorisme, mais remontera aussi sur les responsabilités concernant la sécurité" de cette salle de concert. "Mais ce n'est pas aujourd'hui que je pourrai poser la question de la responsabilité du gouvernement qui a négligé les menaces", soupire-t-il.
Une information judiciaire, ouverte en 2010, sur un projet d'attentat visant le Bataclan, s'était soldée par un non-lieu en 2012, faute de charges suffisantes.
D'autres n'ont pas voulu, ou pu venir, comme un des policiers de la BAC 94 arrivés en premier au Bataclan.
Il "ne peut pas assumer ce rendez-vous", explique Me Françoise Berrux, qui le représente ainsi que cinq de ses collègues. "Tous se font des reproches, totalement injustifiés, en se disant +Est-ce qu'on aurait pas pu en sauver plus ? Pour lui, c'est trop tôt".
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