Grand ciel bleu, fin d'après-midi, sur une départementale à la frontière entre Baisieux, côté français, et Tournai, côté belge. Nous sommes à Hertain, en Belgique, tout près de l'autoroute A27, très fréquentée. Des dizaines d'automobilistes font la queue pour s'approvisionner dans l'une des quatre stations d'essence. Presque toutes les plaques d'immatriculation sont françaises.
Au volant de son camion blanc, Amazigh, 24 ans, lance: "Heureusement qu'il y a la Belgique!" "Je suis transporteur... Nous sommes en première ligne dans ce conflit... Sans essence, on ne travaille pas. Là, je fais le plein en prévision de demain et je retourne à Lille", à 18 km de là. A l'en croire, de l'autre côté de la frontière, "c'est la galère, toutes les stations sont à sec". Pour le gazole, en tout cas.
Voilà qui fait les affaires des pompistes belges. "C'est une affluence complètement inhabituelle, la fréquentation a quasiment été multipliée par trois, les gens nous disent qu'en France c'est la panique!" affirme Caroline, une blonde de 40 ans gérante de l'une des stations essence, Texaco.
Parmi les automobilistes qui font la queue, Odile, enseignante à Villeneuve d'Ascq, patiente à bord de sa 206 rouge. "Je n'ai même pas essayé de chercher de l'essence en France, c'est l'avantage de vivre à côté de la Belgique, ma voiture c'est un outil de travail, je ne sais pas comment je ferais sans!"
- "C'est la galère en France" -
A bord de sa Megane grise, Sébastien, un habitant de Seclin (au sud de Lille) s'est vite rendu à l'évidence. "Je suis obligé de venir ici, en France c'est la pénurie, il y a plus d'une heure de file d'attente et à partir de 16H00, il n'y a plus rien. Là, je vais attendre 20 minutes mais je suis certain d'avoir un plein."
"C'est la galère en France, ceux qui habitent en Bretagne ça doit être compliqué pour eux sans frontière... mais bon, je comprends la revendication des routiers, ils doivent se battre", affirme Didier, 57 ans, employé territorial, qui finit de faire le plein.
Même son de cloche chez Joséphine, une Lilloise de 23 ans, psychomotricienne. "J'ai besoin de ma voiture pour aller bosser, mais je comprends le mouvement", lâche-t-elle.
Dans la plus petite station longeant la route, "Chez Moïse" le gérant, Moïse, à dû doubler son personnel depuis vendredi pour faire face à l'afflux des Français. "On ne s'en plaint pas, ça peut durer encore trois semaines!" lance-t-il en rigolant. Dans cette petite station qui compte seulement trois pompes au gazole et deux pompes à essence, le flux de voitures est incessant. "Là encore ça va, mais le matin, il y a plus de 25 voitures qui attendent l'ouverture!" ajoute-t-il.
"On a fait toutes les pompes à Seclin, tout était vide, alors on est venu jusqu’ici, à Baisieux. Et il n’y en aurait pas eu, on aurait été encore au-dessus", plus à l'intérieur de la Belgique, affirme cet automobiliste qui roule au diesel.
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