Le coup d'envoi de l'opération dans ce camp, où s'entassent 8.400 réfugiés et migrants, sera donné "très probablement mardi", a indiqué le porte-parole du service grec de coordination de la crise migratoire, Giorgos Kyritsis, à l'agence de presse grecque Ana. La date de mercredi est toutefois aussi avancée par les autorités.
Mais "il ne s'agira pas d'un coup de balai policier visant à vider en un jour le camp", a souligné M. Kyritsis.
Il a estimé que l'évacuation, rendue possible par la création à marche forcée ces derniers jours de plus de 6.000 places dans des centres d'accueil du nord du pays, pourrait durer une dizaine de jours.
La décision de l'évacuation du camp a déjà entraîné 400 personnes à accepter dimanche leur transfert dans un centre d'accueil près de la ville de Thessalonique tandis qu'un autre groupe de 400 s'apprêtait également lundi soir à les suivre, selon une source policière locale.
"Nous saluons toute initiative des autorités grecques" pour vider ce camp, a commenté lundi à Bruxelles le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas.
Des renforts policiers étaient acheminés lundi vers le camp, dont une centaine de policiers anti-émeute, selon l'Ana. Les contrôles routiers aux abords du camp ont aussi été renforcés, et des groupes de nouveaux arrivants refoulés, a constaté l'AFP.
"Il y aura une présence policière, et nous serons persuasifs, mais l'usage de la force à grande échelle (...) n'est pas prévue", a insisté une source gouvernementale.
Les autorités semblent surtout compter sur la lassitude des réfugiés face à l'absence de toute perspective de réouverture des frontières européennes et aux conditions sordides du camp d'Idomeni.
Plus de 2.500 personnes ont ainsi déjà accepté de partir depuis 15 jours, dans le cadre d'une "évacuation +douce+, c'est-à-dire par la persuasion", a indiqué une source policière.
- Plutôt marcher jusqu'en Allemagne -
Mais pour Ahmed, un Syrien de 35 ans originaire de Hama, pas question de quitter les lieux, même s'il a "entendu parler" d'une opération policière.
"Avec ma femme nous avons décidé de prendre la route à pied pour l'Allemagne car nous ne voulons pas aller dans un camp de l'armée. Qu'est-ce qu'ils vont faire, ils vont nous tuer?", a-t-il lancé à l'AFP.
Le gouvernement grec s'était déjà engagé à plusieurs reprises ces derniers mois à vider Idomeni, sur fond de grogne croissante des agriculteurs de la région, de tensions avec la Macédoine voisine sur le contrôle des passages, et d'incidents répétés entre exilés et avec la police.
En avril, après une tentative de passage en force, quelque 260 réfugiés avaient ainsi dû être soignés, victimes de l'usage massif de gaz lacrymogènes et de tirs de balles en caoutchouc par la police macédonienne.
Les organisations humanitaires ont aussi multiplié leurs dénonciations de conditions de vie indignes, menaçant la santé et la sécurité des populations bloquées.
Les doutes des migrants sur les conditions d'accueil dans les camps organisés, leur espoir d'arriver malgré tout à poursuivre leur route, y compris en recourant aux réseaux de passeurs et l'absence d'information sur leur sort ont toutefois jusque là empêché un retour à la normale.
Le retard pris par l'UE à répartir entre les autres pays membres les quelque 60.000 réfugiés censés être relocalisés sous deux ans depuis la Grèce, a aussi contribué à envenimer l'abcès.
D'autant qu'aux côtés des Syriens et Irakiens éligibles à cette procédure, de nombreuses autres nationalités se pressent dans le camp, que ce soit des Maghrébins peu pressés de partir car voués à l'expulsion ou des Afghans et Iraniens, auxquels n'est offerte que la procédure classique d'asile.
Athènes doit en outre gérer un autre casse-tête, celui de l'entassement sur les îles de quelques 8.500 migrants, qui peuvent en principe être renvoyés en Turquie dans le cadre de l'accord UE-Ankara. Censé tarir les arrivées migratoires via l’Égée, ce pacte tarde à se concrétiser, la plupart des intéressés ayant demandé l'asile en Grèce pour gagner du temps, débordant les services du pays.
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