La mort du chef insurgé dans une frappe de drones samedi a été confirmée par l'Afghanistan, les Etats-Unis et par certains cadres talibans. Le Pakistan en revanche a déclaré que l'identité de l'homme tué devait encore faire l'objet de "vérifications".
Resté officiellement coi de son côté, le mouvement taliban a rapidement convoqué une choura centrale (conseil suprême), afin de désigner le successeur au mollah Mansour.
La réunion, démarrée dès dimanche soir, a repris lundi dans un lieu tenu secret en raison des menaces pesant sur ses membres. On ignore quand elle rendra sa décision.
L'annonce de la mort du mollah Mansour a "choqué" les dirigeants talibans présents au Pakistan, dont beaucoup ont décidé de faire profil bas ou de se réfugier en Afghanistan, a indiqué une source au sein des insurgés à l'AFP.
"La choura se poursuit dans une zone non précisée, ils ne cessent de se déplacer par peur des frappes de drone américaines", a déclaré cette source.
Selon deux sources talibanes, le jeune mollah Yacoub, fils du mollah Omar, ferait figure de favori à la tête du mouvement, suivi par un ex-adjoint du mollah Mansour, Sirajuddin Haqqani. Yacoub pourrait devenir le chef nominal du mouvement et Haqqani son véritable cerveau, selon l'une des sources.
- Succès militaires -
Le mollah Mansour aura passé moins d'un an à la tête du mouvement insurgé, succédant l'été dernier au fondateur du mouvement, le mollah Omar.
Initialement considéré comme un partisan des efforts de paix, il a orchestré les plus grands succès militaires talibans en Afghanistan depuis la chute de leur régime en 2001, avec notamment la prise de la ville septentrionale de Kunduz en septembre 2015.
Sa mort est "une étape importante dans notre effort au long cours pour ramener paix et prospérité en Afghanistan", a insisté Barack Obama.
Pour le président américain, Mansour était un "dirigeant d'envergure qui (...) résistait aux efforts de paix et de réconciliation susceptibles de mettre fin à des décennies de guerre en Afghanistan".
"Les talibans devraient saisir cette opportunité pour suivre la seule véritable voie pour mettre fin à ce conflit: en rejoignant le gouvernement afghan dans un processus de réconciliation", a souligné le président américain.
Les Etats-Unis, ainsi que la Chine, l'Afghanistan, et le Pakistan, considéré comme parrain historique des talibans, tentaient depuis janvier de relancer un dialogue de paix entre Kaboul et les insurgés islamistes.
- Conséquences incertaines -
La frappe de drone de samedi, qui apparaît comme la plus importante incursion américaine dans l'espace aérien pakistanais depuis le raid contre le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden en 2011, a rebattu les cartes.
Mais les analystes apparaissent divisés sur son impact sur les négociations de paix en Afghanistan. Certains estiment qu'une faction talibane plus favorable aux négociations pourrait émerger de la choura.
D'autres comme le spécialiste de questions sécuritaires pakistanais Imtiaz Gul, pensent au contraire que le raid "a infligé un coup sévère" au processus de paix.
Les relations américano-pakistanaises se retrouvent elles aussi dans une passe difficile après ce raid inédit au Baloutchistan, province officiellement épargnée jusqu'ici par les frappes de drones.
Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a condamné la frappe dimanche, la qualifiant de "violation de notre souveraineté". "Cela n'aurait pas dû avoir lieu", a-t-il lancé.
M. Obama, ignorant ces critiques, a fait savoir lundi que les forces américaines continueraient d'intervenir sur le sol pakistanais. "Nous travaillerons sur des objectifs communs avec le Pakistan, où les terroristes menaçant tous nos pays doivent être empêchés de trouver refuge", a-t-il annoncé.
"Les Etats-Unis ont peut-être fait leurs propres calculs, mais il y a des chances qu'on assiste à une impasse et probablement à une intensification des hostilités sur le sol afghan dans les prochaines semaines et mois", estime l'analyste Imtiaz Gul.
"Cela aurait aussi des conséquences directes pour le Pakistan: plus d'instabilité, afflux d'insurgés, de mouvements à la frontière et peut-être de réfugiés", prévient-il.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.