Ce bras de fer contre le projet El Khomri a démarré le 9 mars. Une huitième journée nationale de grèves et de manifestations est programmée jeudi à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL.
Lundi matin, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a déploré que le gouvernement choisisse "de bomber le torse, (de) gonfler les muscles" au lieu d'être à "l'écoute de ceux qui ne sont pas contents". Michel Sapin lui a répliqué en fustigeant "une CGT, pour des raisons souvent internes, qui s'est extraordinairement durcie et qui n'est que dans la protestation et qui n'est plus du tout dans le dialogue".
Lundi, cinq des huit raffineries françaises étaient "à l'arrêt ou en cours d'arrêt" et bloquées ainsi que plusieurs dépôts de carburant, principalement dans le Nord-Ouest de la France, soit par une grève de leurs salariés soit par des actions extérieures de chauffeurs routiers.
Du côté des ports, où le principal appel à la grève concerne la journée de jeudi, les dockers participaient localement au blocage de dépôts pétroliers, comme celui de Donges, près de Nantes ou de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). A Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, les mouvements des navires étaient autorisés dans la matinée mais devaient à nouveau être bloqués à partir de 13h30.
S'il est "légitime de protester contre un texte de loi ou de défendre (...) un certain nombre de revendications", "il y a un moment donné (...) où on passe à l'illégitime", a jugé Michel Sapin.
Aussi, de tels mouvements n'auront "évidemment pas la moindre indulgence de la part du gouvernement", qui utilisera "tous les instruments qui sont dans (ses) mains" pour faire "en sorte que ça se débloque", a-t-il ajouté.
Si les routiers restaient mobilisés autour des dépôts de carburant et des raffineries, selon Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT-Transports, leur mouvement semblait cependant en perte de vitesse lundi après les garanties apportées ce week-end par le secrétaire d'Etat aux Transports. Alain Vidalies leur a notamment assuré que leur système de paiement des heures supplémentaires ne serait pas remis en cause par la loi travail.
- Recours à la force publique -
Dimanche, le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé que l'Etat utiliserait au besoin la force publique pour "libérer" les dépôts de carburants bloqués par des actions extérieures.
Des CRS sont déjà intervenus dimanche pour déloger les manifestants de deux dépôts de carburant de Dunkerque (Nord) et dès vendredi en Bretagne à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) et sur le port de Lorient (Morbihan) ainsi que près de Rouen.
Le secrétaire d'Etat aux Transports a quant à lui assuré qu'il n'y avait pas de "risque de pénurie" de carburant pour cette semaine, appelant les automobilistes à ne pas céder à la "panique".
Il a évoqué "90 jours de stocks stratégiques", tandis que Laurent Michel, chef de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) a parlé d'une "trentaine de jours" de stocks commerciaux pour les entreprises.
Côté rail, la grève lancée mercredi n'était plus suivie lundi que par un faible nombre de cheminots SUD-rail. Elle affectait légèrement en région parisienne la circulation du RER E et trois lignes du Transilien (J, L et P).
Motivé en premier lieu pour peser sur les négociations en cours sur l'organisation du travail dans la branche et à la SNCF, le mouvement devait retrouver de la vigueur en milieu de semaine, avec le retour des grévistes suivant l'appel de la CGT-Cheminots à débrayer tous les mercredis et jeudis.
La SNCF devait communiquer d'ici lundi soir sur les perturbations prévues.
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