"Nous allons continuer à évacuer un certain nombre de sites et notamment les dépôts" de carburant, a promis le Premier ministre Manuel Valls depuis Tel-Aviv, au cours d'une interview sur BFMTV et la chaîne israélienne i24 News.
"Nous allons créer les conditions pour que, dès demain et massivement, ces dépôts puissent refonctionner", a renchéri le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies sur France 2, distinguant les dépôts dont les salariés "exercent leur droit de grève" de ceux "dont l'accès est interdit par des gens qui à l'extérieur font des barrages", allusion aux chauffeurs routiers répondant à l'appel de la CGT et de FO.
Dans les cas de blocage par l'extérieur, "nous allons utiliser l'ordre public", a-t-il affirmé.
Sur "une centaine de gros dépôts" en France, "cinq sont actuellement bloqués", a précisé à l'AFP Laurent Michel, directeur général de l'Energie et du Climat, au ministère de l'Environnement. Deux le sont en raison de la grève de leurs salariés (à Donges en Loire-Atlantique et à Dunkerque dans le Nord) et trois par des actions extérieures: au Havre (Seine-Maritime), à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme) et entre Douchy-les-Mines et Haulchin (Nord), a-t-il ajouté.
Dimanche matin, plusieurs dizaines de CRS avaient déjà délogé de deux autres dépôts de Dunkerque les manifestants qui les bloquaient depuis jeudi matin, tandis que deux autres avaient été débloqués samedi, à Rouen (Seine-Maritime) et Lorient (Morbihan), et qu'un, en Normandie, a été "levé spontanément", a rappelé Laurent Michel.
Ces blocages ont créé des difficultés d'approvisionnement pour certaines stations-service, principalement dans le Nord-Ouest de la France. A ce phénomène s'est ajoutée une ruée de certains automobilistes à la pompe - certaines stations-service ont enregistré une consommation "trois fois supérieure à la moyenne", selon Laurent Michel. Résultat: une pénurie totale ou partielle (de certains types de carburant) dans quelque 1.500 stations sur les 12.000 du pays, selon Alain Vidalies.
Sur les 2.200 stations-service exploitées par Total en France, 390 étaient en rupture partielle ou totale dimanche, dont 76 en Ile-de-France, 73 dans le Nord-Pas-de-Calais, 60 en Bretagne et autant en Normandie, a précisé le groupe français.
- "Amélioration lundi soir" -
"Depuis le début du mouvement social, Total fait le nécessaire pour s'adapter à cette situation et organiser l'approvisionnement de ses stations-service en conséquence", a-t-il affirmé, dans un point sur la situation à 10h30.
Dans les cinq raffineries du groupe sur les huit que compte la France, la situation reste la même que samedi: "la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) fait face à des blocages d'expéditions de produits pétroliers et la production du site est donc passée en débit réduit", tandis que "dans trois raffineries (Normandie, Donges et Feyzin) la poursuite des mouvements de contestation a provoqué des manoeuvres de mise à l’arrêt de certaines unités", ce qui affecte la production, a ajouté Total. En revanche, "à la raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) toutes les unités fonctionnent normalement".
"Entre les dépôts libérés et le réapprovisionnement massif qui aura lieu lundi, on peut espérer que demain soir on ait une amélioration", a estimé Laurent Michel.
Concernant la grève des chauffeurs-routiers, "suite à la lettre que j'ai envoyée, les transporteurs FO ont appelé à la reprise du travail", a affirmé Alain Vidalies sur France 2. "C'est une bonne nouvelle qui répond à l'action du gouvernement", a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'Etat a promis dans un courrier aux syndicats de routiers que le projet de loi Travail ne modifierait pas leur régime "dérogatoire" sur les heures supplémentaires, qui ne pourront pas être majorées de moins de 25%. Cette inquiétude concernant la rémunération des heures supplémentaires était le principal mot d'ordre de l'appel au blocage de Froce ouvrière et de la CGT.
"Les conditions d'une reprise de l'activité (...) sont créés", a estimé Alain Vidalies.
"La loi travail ira jusqu'au bout de son processus parlementaire", a de son côté affirmé Manuel Valls. "Je demande à chacun de regarder la réalité, de ne pas mettre en difficulté l'économie du pays et de respecter les usagers", a-t-il lancé à l'adresse des syndicats.
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