Ces arrêtés sont destinés à éviter la pénurie, en raison du blocage de raffineries par des opposants à la loi travail.
La levée des blocages ou l'évacuation des occupants vendredi de plusieurs importants dépôts de carburants et les arrêtés permettant aux camions-citerne de circuler le week-end ont toutefois permis de réalimenter certaines stations samedi matin.
Selon la préfecture de Seine-Maritime, on notait ainsi une nette amélioration de l'approvisionnement, avec quelque 200 camions attendus au dépôt de Grand-Quevilly.
Mais de nombreuses stations restaient à sec, comme dans la Manche où la préfecture faisait état de 38 stations en rupture totale et 29 en rupture partielle.
Et celles qui étaient encore approvisionnées ont littéralement été prises d'assaut dès les premières heures de la matinée samedi avec des files d'attente impressionnantes et parfois des embouteillages.
A Landerneau (Finistère), un supermarché a même dû fermer sa station-service, car la file des véhicules empêchait les clients d'accéder au magasin, a rapporté Le Télégramme.
A Saint-Brieuc comme à Brest, Rennes ou Nantes, il fallait parfois plus d'une demi-heure, voire une heure, pour accéder aux pompes, selon les témoignages d'automobilistes.
On faisait aussi la queue dans la plupart des villes du Cher, où pourtant toutes les stations étaient toutes ouvertes et bien approvisionnées.
Si la situation exacte reste difficile à évoluer, les stocks fluctuant d'une station à l'autre, voire d'un département à l'autre, cette ruée vers les pompes pourrait relancer un risque de pénurie de carburant, malgré les mesures de rationnement prises vendredi dans plusieurs départements et encore vigueur samedi.
Les préfectures d'Ille-et-Vilaine, des Côtes-d'Armor, du Finistère, de l'Orne, de Loire-Atlantique, de Vendée, de Mayenne ou encore de l'Eure et du Cher ont pris vendredi des arrêtés limitant à 20 ou 30 litres le volume maximal d'essence pour les véhicules, et à 40 ou 150 litres pour les poids lourds.
Plusieurs préfectures ont interdit le stockage dans des bidons, comme en Seine-Maritime, dans le Calvados, le Nord, la Somme ou le Pas-de-Calais. D'autres ont réquisitionné certaines stations pour alimenter en carburant les services d'urgence.
- Raffineries à l'arrêt -
La reprise du fonctionnement des dépôts de carburant pourrait toutefois permettre une amélioration rapide de la situation.
Dans le Grand Ouest, les forces de l'ordre ont évacué vendredi soir les syndicalistes qui bloquaient depuis plusieurs jours les accès de trois importants lieux de stockage d'hydrocarbures à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), au port de Lorient (Morbihan) et au terminal Rubis du Grand-Quevilly.
Samedi matin, les accès à la 3e raffinerie de France, celle d'Exxon Mobil à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) ont également été libérés par les syndicalistes CGT et FO qui les bloquaient.
Mais dans le Nord, ou trois dépôts avaient également été évacués vendredi, quatre centres de stockage du Dunkerquois et du Valenciennois ont de nouveau été bloqués ou fermés samedi, en protestation contre la loi travail.
Et les salariés de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique), qui ont voté à 55% vendredi l'arrêt complet des installations, ont bloqué le dépôt attenant avec un piquet de grève.
Cette mise à l'arrêt des raffineries représente d'ailleurs le principal risque de pénurie pour les jours à venir, sachant qu'il faut environ 3 jours pour arrêter les installations et autant, voire davantage, pour les relancer. Or, comme à Donges, les salariés de celles de Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, et de Feyzin, près de Lyon, ont voté vendredi l'arrêt des installations et entamé leur procédure d'arrêt.
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a laissé planer samedi matin la menace d'un durcissement dans ce secteur: "il y aura une réaction à la hauteur de ce que le gouvernement fait", a-t-il dit lors d'un déplacement dans le Nord, soulignant que "des discussions et des assemblées générales sont engagées pour amplifier le mouvement".
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