Le puissant chef du cartel de Sinaloa a été informé vendredi "des accords par lesquels le gouvernement du Mexique concède son extradition internationale au gouvernement des Etats-Unis" pour y être jugé, a annoncé le ministère des Affaires étrangères mexicain dans un communiqué.
Guzman s'était évadé de sa prison en juillet 2015 avant d'être repris en janvier. Il est poursuivi au Texas et en Californie notamment pour trafic de drogue et homicide, rappelle le ministère qui souligne avoir obtenu des autorités américaines la garantie "que la peine de mort ne sera pas appliquée".
Son avocat Jose Refugio Rodriguez a aussitôt réagi sur la chaîne Milenio, indiquant que son client allait faire appel dans les 30 jours, comme l'y autorise la loi.
"Nous sommes très sereins face à cette décision (...) c'est une situation à laquelle nous nous attendions et nous avons une stratégie très claire" pour la combattre, a-t-il commenté.
M. Guzman "ne peut être mis à disposition de l'ambassade des Etats-Unis avant ce délai de 30 jours" selon Me Rodriguez, qui a déjà lancé deux procédures pour bloquer les demandes d'extradition émises par les Etats-Unis.
Ce n'est pas la première fois qu'un processus d'extradition est engagé à l'encontre d'un narcotrafiquant sous la présidence de Enrique Pena Nieto. Plusieurs leaders de gangs criminels tels que Edgar Valdez Villareal, alias "La Barbie", ou Alfredo Beltran Leyva, ont été extradés vers les Etats-Unis en 2014 et 2015.
Le chef d'Etat mexicain avait toutefois refusé d'extrader "El Chapo" après son arrestation en février 2014 tenant à le juger au Mexique. Mais le baron de la drogue, en s'échappant une nouvelle fois d'une prison de haute sécurité, en juillet 2015, par un tunnel creusé sous la douche de sa cellule, a infligé un sérieux camouflet aux autorités mexicaines et changé la donne.
- Déjà transféré près de la frontière -
Après son arrestation à l'issue de six mois de cavale, le président Pena Nieto a demandé à l'avocat général d'accélérer le processus d'extradition vers les Etats-Unis de "El Chapo" diminutif de "chaparro" ("courtaud"), allusion à son mètre soixante-quatre.
Les autorités "accélèrent le processus d'extradition par nécessité politique après la grande humiliation provoqué par la fuite de El Chapo" commente Raul Benitez Manaut, expert en sécurité à l'Université autonome de Mexico (Unam).
Le gouvernement mexicain est inquiet des recours que Guzman va utiliser car "il ne peut encaisser une nouvelle humiliation internationale" après l'évasion spectaculaire du narcotrafiquant, poursuit l'expert.
La décision du gouvernement mexicain de valider son extradition intervient dix jours après son transfèrement surprise de la prison de El Altiplano, à 90 km de Mexico, vers une prison fédérale de Ciudad Juarez (nord), à la frontière américaine.
Le gouvernement avait toutefois assuré que ce transfèrement n'avait rien à voir avec le processus d'extradition mais répondait "strictement" aux protocoles de sécurité, des travaux étant en cours à El Altiplano.
Depuis son retour derrière les barreaux, les autorités ont pris des mesures exceptionnelles pour éviter que le narcotrafiquant ne s'évade à nouveau.
"El Chapo", 59 ans, s'est plaint de ne pas bénéficier d'un suivi médical suffisant à Altiplano et ne pas pouvoir dormir en raison des autorités carcérales qui font l'appel trop souvent à son goût.
Dans sa nouvelle prison où il est maintenu à l'écart des autres détenus, il a aussi protesté des conditions d'hygiène de sa cellule.
"Le gouvernement lui fait payer cher sa dernière évasion", commente Benitez Manaut.
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