Selon le porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Sani Usman, la deuxième otage de Chibok se trouvait parmi 97 femmes et enfants libérés jeudi lors d'une opération conjointe de l'armée et des miliciens à 11h (10h00 GMT) aux alentours de Damboa, dans l'Etat de Borno (nord-est).
"Son nom est Serah Luka, elle est au numéro 157 de la liste des filles enlevées. On pense qu'il s'agit de la fille du pasteur Luka", a ajouté M. Usman, précisant que la jeune fille recevait des soins médicaux dans une caserne de Biu, dans l'Etat de Borno.
Quelques heures plus tôt, Amina Ali, la première rescapée de Chibok, découverte mardi par des milices locales et par l'armée, est arrivée à Abuja par avion depuis Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno (nord-est), avec sa mère, Binta, pour rencontrer le président.
Au terme de la rencontre, M. Buhari a assuré que le gouvernement ferait "tout ce qu'il peut pour sauver d'autres jeunes filles de Chibok".
"Le sauvetage d'Amina nous donne de nouveaux espoirs, et nous offre une opportunité unique en termes d'informations vitales", a-t-il poursuivi.
La mère d'Amina, une femme d'une soixantaine d'années au visage marqué, s'est dite "reconnaissante envers Dieu et tous ceux qui ont participé au sauvetage et à la découverte" de sa fille.
Amina, qui avait 17 ans au moment du rapt, est la plus jeune d'une fratrie de 13 enfants, dont 11 sont morts entre quatre et cinq ans, a expliqué via une interprète sa mère, qui ne parle pas anglais.
Le 14 avril 2014, Boko Haram avait enlevé 276 jeunes filles d'un lycée de Chibok. Cinquante-sept d'entre elles avaient réussi à s'échapper dans les heures suivant leur rapt par le groupe islamiste.
Ce kidnapping sans précédent avait provoqué une vague d'indignation au Nigeria et dans le monde entier. Mais malgré cette mobilisation, jusqu'à la découverte d'Amina Ali puis de Serah Luka, on était toujours sans nouvelles des 219 captives.
- D'autres otages à Sambisa? -
Selon des responsables locaux, Amina Ali, aujourd'hui âgée de 19 ans, a affirmé à sa famille, lors de brèves retrouvailles à Mbalala, près de Chibok, que la plupart des autres victimes se trouvaient toujours dans la forêt de Sambisa, un bastion de Boko Haram, mais que "six d'entre elles sont déjà mortes".
Cela fait des semaines que l'armée nigériane traque les islamistes et leurs otages et détruit des camps de Boko Haram dans la savane de cette ancienne réserve naturelle.
A un moment, on affirmait y avoir repéré les filles de Chibok sur des images satellites fournies par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mais l'ancien ambassadeur de Grande-Bretagne au Nigeria, Andrew Pocock, a déclaré en mars au Sunday Times que l'armée nigériane n'avait rien fait de ces renseignements.
L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan a été très critiqué dans sa gestion de la lutte contre Boko Haram, ce qui lui a sans doute coûté sa défaite à la présidentielle, l'année dernière.
Selon l'armée, Amina Ali a été transportée à Maiduguri dans un hélicoptère militaire, depuis une caserne de Damboa, à 90 km de là, avec son bébé de quatre mois, Safiya, et un homme qu'elle présente comme son mari.
"Avant cela, ils ont été examinés par un médecin de l'armée de l'air et leur état de santé a été jugé stable, avec une tension normale", a indiqué mercredi le colonel Sani Usman, dans un communiqué.
La jeune fille, très mince, a les traits tirés. Sur une des photos transmises par l'armée, son mari, que l'armée considère comme "le terroriste présumé de Boko Haram" Mohammed Hayatu, est assis sur un lit d'hôpital et tient l'enfant dans ses bras.
Selon le colonel Usman, M. Hayatu "fait l'objet d'une enquête approfondie au Centre Conjoint de Renseignements" et il est "bien traité".
Depuis 2009, Boko Haram est tenu responsable de l'enlèvement d'au moins 2.000 personnes, dans une insurrection qui a fait quelque 20.000 morts.
Certaines des otages ont été mariées de force et transformées en esclaves sexuelles. De jeunes hommes ont aussi été conscrits de force.
Des ONG dénoncent régulièrement l'absence de programmes de réinsertion des otages de Boko Haram, dont plusieurs centaines ont déjà été libérés ces derniers mois.
Des experts de l'ONU avaient souligné en janvier "un besoin urgent et pressant de mesures concrètes pour assister ces femmes et ces enfants stigmatisés, ostracisés et rejetés" par une société généralement très conservatrice.
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