Située près de la porta Metronia, non loin de la basilique Saint-Jean-de-Latran, la future station "Amba Aradam/Ipponio" de la ligne C du métro romain est un vaste chantier à ciel ouvert où s'affairent à neuf mètres de profondeur des dizaines d'ouvriers.
L'ingénieur Andrea Sciotti, responsable du chantier de la ligne C, gardera un souvenir ému de cette découverte récente.
"Pour nos ouvriers, tomber sur des restes archéologiques, c'est quelque chose d'assez banal, surtout quand on s'approche du centre historique", affirme-t-il à l'AFP, dans le bruit des machines.
"Mais cette fois-là, l'effet a été différent, l'émotion est venue petit à petit, même s'il est vrai que nous ingénieurs sommes moins émus que les archéologues", sourit-il.
Pour l'instant, son travail consiste surtout à "minimiser l'impact sur les délais et les coûts du chantier", souligne-t-il.
Car, comme l'a annoncé lundi le surintendant des biens archéologiques de Rome, Francesco Prosperetti, Amba Aradam/Ipponio sera la première "station archéologique" de la capitale italienne.
Pour ce faire, "nous préserverons le site au maximum dans le cadre de la future station, de telle manière que, en allant prendre le métro, le voyageur puisse surplomber l'ensemble et profiter de la vue", explique M. Sciotti.
Les travaux de cette ligne de métro d'une longueur de plus de 26 km, qui doit relier en 30 stations le nord au sud-est de Rome, ont débuté en 2007.
- 'Station-musée' -
Depuis, la majorité du tronçon a été ouverte mais les stations passant par le centre de Rome en direction du Vatican devront attendre au moins 2020, voire 2021.
"Ce sera beaucoup plus qu'une station-musée: le défi va consister à créer un espace qui puisse parler du sous-sol de Rome aux voyageurs", renchérit M. Prosperetti, avec l'ambition, rien que ça, de "construire à Rome le plus beau métro du monde".
Dix-neuf siècles séparent les travaux de déblaiement, les pelleteuses et les échafaudages métalliques, de ces 39 chambres d'une caserne militaire, où des centaines de soldats étaient logés, à l'époque d'Hadrien (117-138 ap. JC).
"C'est une découverte unique car il s'agit d'une caserne, qui avec quatre autres, faisait partie d'un complexe militaire couvrant tout le quartier", explique à l'AFP l'archéologue Rossella Rea.
On sait qu'une autre de ces casernes se trouvait à l'emplacement actuel de Saint-Jean-de-Latran. Ce qui rend celle d'Amba Aradam "exceptionnelle", c'est son état de conservation.
"Dans l'Antiquité, ce quartier était le Champ de Mars où, durant les mois de février et de mars, se célébraient des cérémonies et des fêtes en l'honneur de Mars, le dieu de la Guerre", ajoute Mme Rea.
C'est ici que s'entraînait la cavalerie personnelle de l'empereur, les "equites singulares augusti", l'un des corps d'élite de la garde prétorienne.
Ces soldats logeaient à six dans ces chambres, explique Mme Rea, "plutôt petites, de 4 mètres sur 4". Sur certains murs encore debout, on devine des fresques d'un beau rouge pompéien.
Certaines des chambres ont encore leurs sols pavés de mosaïques noires et blanches, aux motifs géométriques.
A l'époque, les casernes étaient des structures très grandes: si ici, un seul couloir de plus de 100 mètres desservant les chambres a été mis à jour, "il devait probablement y en avoir au moins trois autres, et sur deux étages", précise l'archéologue romaine.
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