Le 12 juin, le Vénitien, qui a connu un immense succès dans les années 1980 avec "Le Déclic", mettra en vente publique à Bruxelles et Paris 25 aquarelles originales consacrées à la star d'"Et Dieu... créa la femme", fruit de deux années de travail.
Bardot à genoux sur la plage, accompagnée d'une panthère noire ou d'un léopard... Les poses changent mais la plus célèbre bouche du cinéma des années 50 et 60 reste le plus souvent boudeuse. Et ses tenues légères.
"Je suis très fière de ce qu'il a fait. C'est magnifique, c'est très beau, il m'a sublimée", confie à l'AFP Brigitte Bardot, jointe par téléphone, qui "ne connaissait pas" l'oeuvre du dessinateur italien.
Pour Manara, en revanche, "BB" a été une source majeure d'inspiration dès le début. "J'ai commencé à penser à faire de la bande dessinée quand j'ai découvert Barbarella", l'héroïne de science-fiction créée sur le modèle de Bardot par le Français Jean-Claude Forest en 1962, raconte le dessinateur dans un entretien accordé à l'AFP dans sa villa surplombant le village de Sant'Ambrogio di Valpolicella, à 20 km de Vérone.
"Je dois donc beaucoup à l'esprit magique de Brigitte Bardot", ajoute le "Maestro" qui a fait sortir l'érotisme version BD du placard.
-B comme Bardot et Beatles-
"Brigitte Bardot a joué un rôle très important dans tous les changements qu'il y a eu dans ces années 60, le mouvement étudiant de Berkeley, Mai 68, les Beatles, les Rolling Stones... Elle a représenté une grande partie de la libération sexuelle de cette époque", se remémore Milo Manara, accoudé à sa table à dessins encore encombrée d'esquisses de la frimousse de l'égérie de Vadim, qui la révéla au monde en 1956, ou, plus tard, de Serge Gainsbourg, qui lui offrira "Je t'aime... moi non plus".
"Il est très difficile d'expliquer à quelqu'un qui n'a pas vécu cela, mais les gens de mon âge me comprennent bien", sourit le dessinateur, le regard perdu sur les collines de vignes et d'oliviers.
"Cela m'étonne toujours", assure Bardot quand on évoque les "Sixties" et son rôle dans la révolution des moeurs. "J'ai probablement eu un impact, mais je ne m'en rends pas compte. Je suis très loin de tout ça", observe celle qui a mis fin en 1973 à sa carrière pour se consacrer à la défense des animaux.
C'est la salle de ventes parisienne Millon, assistée des experts en BD bruxellois Alain Huberty et Marc Breyne, qui a établi le contact et proposé à Manara de réaliser une série originale. "BB", pour une fois, a accepté.
"Ce sont des aquarelles très légères, pour rendre hommage à la grande oeuvre d'art vivante qu'est Brigitte Bardot", s'émerveille l'artiste italien. "Reproduire son visage est très difficile car il a des expressions subtiles, entre ironie, mystère, séduction et provocation".
"Il a fait des dessins vivants. On y sent le vent... On y lit une révolte, une sensualité, un amusement", commente Bardot. "C'est émouvant, c'est chaud".
- 'Chanter l'érotisme' -
Pourtant, le peintre et son modèle n'ont pas travaillé ensemble. Pendant son travail, le dialogue avec le sex-symbol s'est fait "à sens unique", témoigne Manara. "Je lui parlais, mais elle ne le savait pas."
"BB" lui a seulement fait passer le message qu'il pouvait aller un peu plus loin dans l'audace érotique, ce qu'il n'avait osé faire pour "ne pas manquer de respect à la Signora".
Satisfaite, Bardot a ajouté sa griffe personnelle aux dessins: une "marguerite à sept pétales qui veut dire je t'aime discrètement à ceux qui la reçoivent".
"En 40 ans de carrière, j'ai consacré 50% de mes forces à chanter l'érotisme", reprend Manara, qui espère pouvoir enfin rencontrer bientôt "La Bardot" à Saint-Tropez, sur la Côte d'Azur.
Les 25 aquarelles de Manara, mises en vente à partir de 15.000 euros pièce, seront exposées les 3, 4 et 5 juin dans l'ancienne gendarmerie de la célèbre station balnéaire; les 7 et 8 juin dans les salons Claude-Robert à Paris et les 10 et 11 juin à la galerie Huberty & Breyne à Bruxelles. La vente se déroulera le 12 juin en duplex entre Paris et Bruxelles.
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