Le vignoble de 11 hectares, au sud de Dijon, s'ouvrira pour la première fois au public les 20, 21 et 22 mai lors des "Journées Particulières" organisées par le numéro un mondial du luxe, dont une cinquantaine de lieux d'exception sont accessibles gratuitement sur inscription.
Ce domaine des Lambrays, Thierry Brouin le connaît comme sa poche, il en orchestre les vendanges depuis 1981 comme régisseur: "Y a eu un coup de gel hier matin, je vais sans doute avoir 20 à 30% de perte sur mes Puligny-Montrachet. Mais heureusement les Clos des Lambrays ont été épargnés", glisse-t-il au volant de sa voiture en ce jour de fin avril.
Pour rejoindre les parcelles du Clos des Lambrays - ce vin rouge est le joyau du domaine qui produit aussi du Puligny-Montrachet et du Morey-Saint-Denis - M. Brouin traverse les vignes des voisins: "à gauche de la route, c'est 500.000 euros l'hectare, planté en appellation Village. Et à droite, ça passe à 12 millions car c'est du Premier Cru. D'ailleurs les anciens ne s'y sont pas trompés en installant le cimetière du côté le moins cher!".
Le Clos des Lambrays occupe le milieu du côteau, "la meilleure exposition", avec ses ceps de pinot noir plantés dans une terre caillouteuse. La parcelle est mentionnée dès 1365 sous le nom de "Cloux des Lambrey" dans les titres de l'abbaye de Citeaux.
"Les plus vieux pieds ont 85 ans, les plus jeunes deux ans à peine et sont tellement tendres qu'on doit les protéger des lapins. Ce vignoble, je l'ai reconstitué en replantant un tiers des vignes", raconte à l'AFP le régisseur de 68 ans.
En 1979, juste avant son arrivée, le domaine vient d'être racheté par les propriétaires du groupe Félix Potin qui veulent relancer le vignoble moqué dans la région comme le "Clos délabré": "Ce n'était pas exagéré car le domaine était en piteux état, carrément en ruine. Et sa réputation aussi", résume-t-il.
Les premiers efforts paient, le Clos des Lambrays est classé Grand Cru dès 1981. Mais le domaine tremble à nouveau en 1994 lorsqu'il est mis en liquidation judiciaire, victime de la déconfiture de Félix Potin.
- 160 euros pour le millésime 2014 -
Le nouveau propriétaire allemand ne lésine pas sur les investissements, et au fil des ans, le vignoble renaît, avec une production qui oscille selon les années (et la météo) entre 15.000 et 42.000 bouteilles.
Après la mort de Gunter Freund, le groupe de Bernard Arnault - numéro un mondial du champagne et propriétaire des célèbres Châteaux d'Yquem et Cheval Blanc - remporte la mise. "Aujourd'hui, on n'arrive pas à fournir toutes les demandes", résume M. Brouin qui expédie 40% de la production en France et le reste vers 38 pays.
Un Clos des Lambrays 2014 se vend aujourd'hui au public à 160 euros hors taxe. Plusieurs tables étoilées l'ont à leur carte, comme à Lyon où La Mère Brazier (2 étoiles) propose les millésimes 1995, 1998 et 2011 pour respectivement 480, 434 et 342 euros.
"Il a un côté soyeux et élégant, une gourmandise et une finesse qui permettent aussi de le boire jeune, comme tous les grands vins. Il est intéressant à travailler sur certaines viandes blanches, le pigeon est un des plats qui le met le plus en valeur", souligne Denis Verneau, chef sommelier de la Mère Brazier.
Pour lui, le Clos des Lambrays "est un des grands crus de Bourgogne mais pas le plus connu, même si ces cinq dernières années il a gagné en notoriété. Mais tant mieux car plus un vin est connu, moins on en a!" s'exclame celui qui a été désigné "sommelier de l'année" 2015 par le guide Michelin.
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