L'opposition a appelé mercredi l'armée et la population à la désobéissance, tandis que le président Maduro a invoqué une "fraude" pour écarter le référendum qui le menace.
En réponse, dans la nuit de mardi à mercredi, l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire, a rejeté le décret présidentiel sur l'état d'exception. Les députés, qui ont voté à main levée, ont estimé que l'état d'exception "approfondit la grave altération de l'ordre constitutionnel et démocratique que subit le Venezuela".
Tous les ingrédients semblaient réunis pour que ce pays, un des plus violents au monde, soit le théâtre de débordements mercredi, jour de manifestions dans différentes villes à l'appel de l'opposition.
Pillages, lynchages et protestations se multiplient au Venezuela où l'électricité et l'accès aux services publics est limités, alimentant un énorme mécontentement parmi les Vénézuéliens qui doivent déjà faire des heures de queue devant les supermarchés.
Les experts pointent le risque "d'explosion" du pays et d'affrontements civils alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon l'institut Datanalisis.
- 'Obligation d'ignorer ce décret' -
En cas de vote négatif des députés, "nous serons, nous Vénézuéliens, dans l'obligation d'ignorer ce décret", avait averti plus tôt dans la journée Henrique Capriles, le principal leader de l'opposition et candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013 face à Nicolas Maduro, 53 ans.
"Tous les actes que nous considérons nuls car ils violent la Constitution (...) ignorons-les", avait-il ajouté au cours d'une interview à la radio, appelant une nouvelle fois à descendre dans la rue dès mercredi matin pour réclamer un référendum en vue de destituer le chef de l'Etat.
M. Capriles a aussi demandé à l'armée de choisir entre la Constitution et le président Maduro. "Je dis aux forces armées: l'heure de la vérité est arrivée, celle de décider s'ils sont avec la Constitution ou avec Maduro", a-t-il lancé.
Depuis lundi, le pays a fait un pas de plus vers l'autoritarisme après la proclamation de "l'état d'exception" par Nicolas Maduro, qui multiplie les déclarations à l'emporte-pièce face à une "menace extérieure" jusqu'ici mal identifiée.
Mardi, il a directement accusé les Etats-Unis d'intrusion dans l'espace aérien vénézuélien la semaine dernière, et annoncé une protestation diplomatique officielle.
- 'Espionnage' -
"Notre force aérienne, notre aviation militaire bolivarienne, a détecté l'intrusion illégale à des fins d'espionnage du Boeing 700 E-3 Sentry, doté de tous les mécanismes pour exercer une surveillance électronique", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Washington, qui nie tenter d'influer sur le cours des événements au Venezuela, a de nouveau fait part de sa préoccupation concernant le pays mardi.
Un décret publié dans la soirée de lundi a étendu durant 60 jours les prérogatives du gouvernement en matière de sécurité et de distribution alimentaire: l'armée et la police ont désormais pour ordre de "garantir la distribution et la commercialisation des aliments et produits de première nécessité".
Des comités locaux de citoyens, récemment créés, se voient dotés de pouvoirs de "surveillance" et de "maintien de l'ordre" pour "garantir la sécurité et la souveraineté du pays".
Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus d'un référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici fin 2016.
Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.
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