Les puissants syndicats de police ont appelé les policiers, hors service et en civil, à des rassemblements statiques dans une soixantaine de villes. Le plus important a lieu sur la très symbolique place de la République à Paris, où se réunit chaque soir le mouvement citoyen Nuit debout depuis le 31 mars.
Signe des tensions actuelles, des collectifs qui dénoncent les violences policières appellent aussi à manifester sur cette place emblématique de la capitale, juste avant le rassemblement des syndicats de police.
Ces syndicats disent répondre aux attentes de leurs collègues engagés dans le maintien de l'ordre depuis le début des manifestations, au cours desquelles plus de 350 membres des forces de l'ordre ont été blessés, selon les autorités. Onze d'entre eux l'ont encore été lors d'incidents au cours de la mobilisation de mardi, a affirmé le ministère de l'Intérieur.
Des accusations de "violences" ont été portées contre eux et des slogans tel "tout le monde déteste la police" ont fait florès. Un jeune homme a perdu l'usage d'un oeil après avoir été blessé fin avril à Rennes. Une trentaine d'enquêtes de la "police des polices" (IGPN) portant sur de présumées violences policières ont été ouvertes en France, et plusieurs responsables politiques de gauche et syndicaux ont mis en cause le gouvernement dans sa gestion du maintien de l'ordre.
Autant de faits qui risquent d'écorner l'image des policiers applaudis au lendemain des attentats de janvier 2015. Pour autant, malgré les images de violences, 82% des Français ont toujours une bonne opinion de la police, une "image exceptionnelle" conforme à celle dont elle avait bénéficié après les attaques jihadistes, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien.
Les tensions se sont cristallisées autour d'affiches d'un syndicat de la CGT qui épinglent ces violences policières: outrés, les syndicats de police demandent au ministre de l'Intérieur de déposer plainte. Ils nient toute violence, observant que les policiers sont "usés" par l'état d'urgence instauré après les attentats du 13 novembre.
- "Jamais vu ça" -
Ils en appellent au "soutien" de la population et du gouvernement auquel ils réclament la "fermeté" face aux "casseurs" accusés de vouloir s'en prendre délibérément aux forces de l'ordre en marge des manifestions contre la loi El Khomri.
"Je n'ai jamais vu ça", a raconté à l'AFP Arnaud, CRS depuis vingt ans. "Les +casseurs+ arrivent par petits groupes, aussitôt rejoints par des dizaines d'autres", a-t-il détaillé. "Ils sont parfaitement organisés, ramassent tout ce qu'ils trouvent et nous canardent. Sans piller, pour casser et casser du flic."
Les syndicats de police n'ont pas caché leur satisfaction après la mise en examen samedi d'un lycéen, mis en cause dans l'agression d'un policier à Nantes le 3 mai. Ils ont aussi salué la décision d'interdire de manifestation des militants antifascistes - même si la justice administrative a finalement suspendu mardi plusieurs arrêtés préfectoraux.
Les responsables syndicaux policiers estiment que l'état d'urgence permettrait de neutraliser de présumés "casseurs" en les assignant à résidence. Ils veulent également éviter toute "récupération politique" des rassemblements, de nombreux hommes politiques ayant annoncé leur venue.
"Ils seront là comme citoyens, pour dire +on aime la police+, pas plus", a assuré Jean-Claude Delage, le patron d'Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, à l'initiative de ce mouvement inédit.
Les casseurs qui agissent dans les manifestations contre la loi travail, "ça suffit et ça ne pourra pas rester sans réponse", a prévenu mardi François Hollande. Le chef de l'Etat a assuré que "toutes les consignes" avaient "été données" dont des interpellations ou interdictions de manifester.
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