"J'ai une notion de l'argent qui correspond à ce que j'ai vécu enfant. Pour moi, 6.000 euros, c'est une somme", a expliqué l'ex-numéro deux de la PJ lyonnaise en référence à son salaire de commissaire divisionnaire.
La justice le soupçonne d'avoir bénéficié de voyages, de cadeaux et d'argent de certains de ses indicateurs en échange d'informations confidentielles. Il comparait au côté de six personnes dont son épouse Nicole.
Au sixième jour du procès, le tribunal correctionnel de Paris s'est penché sur les personnalités des prévenus, une occasion pour les juges de revenir sur le brillant parcours du policier mais aussi sur les zones d'ombre de sa carrière.
Né d'un père mineur et d'une mère au foyer, Michel Neyret, 60 ans, raconte avoir embrassé la police par vocation: "J'avais envie de vivre une vie d'action".
Après une maîtrise de droit, il réussit le concours de commissaire et débute au SRJP de Versailles où il reste deux ans avant de prendre la tête de l'antenne judiciaire du commissariat de Meaux (Seine-et-Marne). Mais c'est en 1983 qu'il se révélera en rejoignant la BRI de Lyon où il restera 21 ans.
"C'était un service d'investigation à part. Une chasse à l'homme dans le grand banditisme. J'avais l'impression d'avoir un contrôle sur le milieu de Lyon", a-t-il dit, expliquant avoir mis "son empreinte" sur ce service.
"Notre mission n'était pas de servir de soutien aux autres mais de créer des affaires, de mener des enquêtes jusqu'à l'arrestation des malfaiteurs. Cette spécificité lyonnaise était reconnue par la direction centrale", assure-t-il avec fierté.
- "Flingage d'un magnum de champagne" -
Les résultats sont là et les commentaires des supérieurs élogieux. "C'est la référence de la lutte contre le banditisme", dit l'un. "Un professionnel exceptionnel doté d'un remarquable sang-froid, un leader naturel rigoureux et exigeant", ajoute un autre.
Mais le flamboyant patron de la BRI est contraint de laisser son poste pour cause de mobilité en 2004. Muté à Nice, il reviendra à Lyon en 2007 comme numéro 2 de la PJ.
Mais à partir de 2010, certains témoignages font état d'un changement de comportement, notamment après le tournage en 2010 du film d'Olivier Marchal "les Lyonnais" dans lequel Michel Neyret était intervenu comme conseiller.
"Il sortait souvent et je me demandais comment il payait ses sorties. Il me disait qu'il était invité", a expliqué à la barre son épouse Nicole.
Dans un livre, l'avocat lyonnais David Metaxas, prévenu au procès, évoquait ses relations avec le commissaire d'une formule: "bien souvent, ça se résum(ait) au +flingage+ d'un magnum de champagne et à l'enlèvement bon enfant d'une +pépée+ de passage".
Mais à l'audience, l'homme revient sur l'image d'un Neyret noceur claquant les billets de banque et parle d'un récit romancé.
"Je ne me suis jamais fait inviter par Neyret. On ne s'est vus que dans deux soirées dont un vernissage", assure l'avocat du milieu qui dit sa rage d'avoir été présenté à tort par un journal comme un possible indicateur du policier.
"Alors pour contrebalancer une fausse information vous écrivez un livre où on a l'impression que vous bambochez ensemble dans les soirées lyonnaises!", s'étonne le président.
Neyret, lui, assure ne pas avoir changé dans sa "relation à l'argent" après les "Lyonnais" ou en fréquentant des indics qui "gagnaient en une demi-heure" l'équivalent de sa paye, selon une formule de Metaxas.
"Oui, j'avais plaisir à conduire une voiture de sport (prêtée par un indicateur, NDLR), j'étais séduit par leur mode de vie. Mais dire que j'ai essayé de le reproduire, non", affirme l'ex-flic.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.