Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) sont à l'initiative de deux nouvelles journées d'actions unitaires mardi et jeudi, les sixième et septième en un peu plus de deux mois, pour contester le texte de la ministre Myriam El Khomri, jugé trop favorable aux entreprises.
"Quand on n'est pas entendu, il faut essayer de se faire entendre", a résumé lundi Philippe Martinez, le numéro de la CGT, estimant que son syndicat était "en phase avec l'opinion publique".
Lancé par les fédérations des transports CGT et FO, le mouvement des routiers devrait principalement toucher mardi le Nord, Nantes, Caen, Marseille et surtout Bordeaux, mais pas l'Ile-de-France, selon FO.
La CGT prévoit de bloquer les ports du Havre et de Nantes-Saint-Nazaire, avec d'autres actions à Lyon, Metz, au Mans ou encore à la Rochelle, selon Jérôme Vérité, le numéro un de la fédération, qui mentionne également une opération escargot à Clermont-Ferrand.
Adopté sans vote en première lecture la semaine dernière après un recours à l'article 49-3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche, un casus belli pour les syndicats.
Chez les routiers, on redoute aussi des baisses drastiques de salaires, le texte prévoyant qu'un accord d'entreprise puisse ramener la majoration des heures supplémentaires à 10% au lieu des 25% généralement pratiqués. Pour un chauffeur "qui fait 200 heures par mois, c'est 1.300 euros en moins sur la fiche de paie" annuelle, calcule M. Vérité.
"Les salariés décideront localement" des suites du mouvement, indique-t-il.
A un mois de l'Euro 2016 de football en France, des grèves reconductibles ont également été annoncées à partir de mercredi à la SNCF, où des revendications internes s'ajoutent au rejet de la loi travail, ainsi que chez les dockers, marins, facteurs, à Aéroports de Paris. Des perturbations sont également attendues dans les airs jeudi, jour de mobilisation des aiguilleurs du ciel.
Mardi, le trafic devrait être normal à la RATP malgré un préavis déposé par la CGT.
- 'Ouvrir les yeux' -
La grogne s'exprimera aussi dans la rue, avec des manifestations dans plusieurs villes de France.
A Paris, le cortège partira à 14H00 de la place de l'Ecole militaire (7e arrondissement) en direction de la place Denfert-Rochereau (14e).
Il s'agit pour les syndicats de relancer le mouvement, moins suivi la semaine dernière, avec 55.000 manifestants recensés par les autorités, contre 390.000 (1,2 million, selon les syndicats) le 31 mars.
Et de profiter de la lenteur du processus parlementaire, le projet de loi travail devant être débattu en juin au Sénat avant un nouvel aller-retour entre les deux chambres, pour une adoption définitive en juillet.
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui a toujours réclamé le retrait du texte, a déclaré lundi que "si le gouvernement acceptait effectivement sur trois ou quatre points clé (...) d'ouvrir les yeux, cela arrangerait les choses", soulignant qu'il était encore possible de "modifier le texte".
Preuve d'un climat tendu, plusieurs opposants, ainsi qu'un journaliste photographe, ont reçu des interdictions individuelles de manifester mardi à Paris par la préfecture de police.
Un procédé, dénoncé par les militants "antifascistes" et le syndicat national des journalistes (SNJ), et censé éviter les affrontements qui ont fait des blessés chez les manifestants comme chez les forces de l'ordre ces dernières semaines.
Tandis que certains dénoncent des "violences policières", samedi, un lycéen a été mis en examen pour "tentative de meurtre" après l'agression d'un policier à Nantes, le 3 mai. Et le 12 mai, des casseurs s'en sont pris aux services d'ordre syndicaux.
Selon un sondage BVA pour Orange et I-télé publié dimanche, plus d'un Français sur deux soutient la mobilisation des syndicats contre le projet de loi travail, plus des deux tiers souhaitant que le gouvernement revienne sur le texte.
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