Sur le plan diplomatique, le maire de la grande ville méridionale de Davao, a souhaité, lors de sa première conférence de presse depuis son élection le 9 mai, des relations amicales avec Pékin, et se dit ouvert à des discussions directes sur les contentieux en mer de Chine méridionale.
Elu au terme d'une campagne populiste et outrancière, l'avocat de 71 ans accusé par le président sortant Benigno Aquino d'être un dictateur en puissance, a tenu dimanche à détailler son programme contre la délinquance.
"Je vais frapper durement le trafic de drogue et je promets l'enfer aux criminels", a dit dans un hôtel de Davao celui qui, lors de sa campagne, a promis de régler en trois à six mois le problème de la criminalité.
"Je vais presser le Congrès de rétablir la peine de mort par pendaison", a-t-il ajouté, prônant le châtiment capital -aboli en 2006- dans les affaires de trafic de drogue, de viol, de meurtre et de vol.
Il a dit préférer la pendaison au peloton d'exécution, en expliquant qu'il ne voulait pas gaspiller de balles, et que la potence était plus humaine.
Rodrigo Duterte a annoncé qu'il donnerait à la police le droit de "tirer pour tuer" lors d'opérations contre le crime organisé.
-'Je vais vous tuer'-
"Si vous résistez, si vous faites preuve de résistance violente, mes ordres à la police seront de tirer pour tuer", a-t-il averti à Davao. Des militaires tireurs d'élite seront mobilisés pour tuer des criminels, a-t-il ajouté.
Il a également annoncé son intention d'interdire la consommation d'alcool dans les lieux publics après 2H00 et d'interdire aux enfants de sortir seuls dans les rues le soir. Si des enfants sont trouvés dans les rues, leurs parents seront emprisonnés pour "abandon".
Au cours de sa campagne, M. Duterte, qui doit prêter serment le 30 juin pour un mandat de six ans, avait promis d'éliminer des dizaines de milliers de criminels, suscitant l'indignation de ses opposants mais séduisant aussi des dizaines de millions de Philippins lassés de la criminalité et de la corruption.
Il était même allé jusqu'à dire que 100.000 personnes mourraient, et que leurs corps engraisseraient les poissons dans la baie de Manille.
Il a déploré dimanche que le respect de la loi ne soit plus qu'une "option": "Ne détruisez pas mon pays, car je vais vous tuer."
Au cours de la conférence de presse, il a indiqué que l'ambassadeur de Chine était un des trois premiers diplomates étrangers -avec notamment celui du Japon- qu'il comptait rencontrer.
"Disons que les relations n'ont jamais été froides. Mais je préfère être amical avec tout le monde", a-t-il répondu aux journalistes qui l'interrogeaient sur un éventuel rapprochement avec la Chine.
- Excuses au pape 'suffisantes' -
Sous le président Benigno Aquino, les relations étaient glaciales avec Pékin en raison des différends maritimes.
Pékin considère comme territoire national la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des zones situées près de pays voisins comme les Philippines, et a construit au cours des dernières années des îles artificielles afin d'appuyer ses revendications de souveraineté.
Benigno Aquino a réagi en approfondissant le partenariat militaire avec les Etats-Unis, et en saisissant la justice internationale. Il a refusé des discussions directes, considérant que l'archipel n'y serait pas en position de force face au géant chinois.
Rodrigo Duterte s'est engagé à poursuivre cette stratégie multilatérale, mais a répété qu'il pourrait entrer dans des négociations directes en cas d'échec.
"Si le bateau des négociations est encalminé, sans vent pour gonfler ses voiles, je pourrais bien décider de discuter bilatéralement avec la Chine", a-t-il dit.
Rodrigo Duterte a par ailleurs jugé "suffisant" d'avoir présenté par écrit des excuses au pape pour l'avoir traité de "fils de pute", indiquant qu'il ne se rendrait pas au Vatican comme il l'avait annoncé.
M. Duterte a été accusé d'avoir créé des escadrons de la mort à Davao devenue selon lui, l'une des plus sûres de l'archipel.
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