Aux côtés du rappeur Sadek qui campe Far'Hook, un rappeur de 20 ans, Gérard Depardieu incarne dans ce film Serge, un maçon aigri, misanthrope et raciste du Nord de la France en fin de carrière, peintre à ses heures perdues.
Alors que Far'Hook doit quitter Paris pour se mettre au vert après un règlement de comptes, lui et Serge se retrouvent lancés dans un tour des ports de France, sur les traces du peintre du XVIIIe siècle Joseph Vernet qui passionne Serge.
Présenté dans la sélection parallèle de la Quinzaine des réalisateurs, ce second film de Rachid Djaïdani -après "Rengaine", fiction coup de poing sur le racisme entre Noirs et Arabes remarquée à Cannes en 2012- a été abondamment applaudi dimanche.
Le film, plein d'énergie, "sorte de duo entre deux prolétaires qui s'ignorent" selon Rachid Djaïdani, montre "la rencontre entre deux France qui ne sont jamais confrontées l'une à l'autre". Il donne l'occasion de voir un Gérard Depardieu à la fois émouvant et drôle dans le rôle de Serge.
L'acteur s'illustre notamment dans une scène d'anthologie où il revisite la Marseillaise en rap.
"C'est un film sur la tolérance", a-t-il déclaré devant le public cannois. "Le Serge du début de ce film est sans couleur, sans saveur, après sa rencontre avec Sadek ça devient extrêmement vivant et intéressant, ce qu'il reste c'est l'amour et l'humour".
- "Cuvette des chiottes" -
Le tournage a été l'occasion pour Depardieu de comprendre "ce que pouvait être" le rap". "C'est vrai, je ne connaissais pas", a affirmé le comédien de 67 ans, en qui Rachid Djaïdani, ex-champion de boxe d'Ile-de-France, voit un équivalent au cinéma de Mohamed Ali.
"Au début, on est toujours un peu agressé par un certain comportement" mais "chez beaucoup de rappeurs, j'ai cru comprendre qu'il y avait une autre façon de voir la vie", a-t-il découvert. "C'est drôle que les attitudes du rap soient plus violentes que ce qui y est dit", a noté Depardieu, confiant avoir décelé du "romantisme" chez les rappeurs, qui pratiqueraient "une sorte de chamanisme des sociétés modernes".
Le monstre sacré du cinéma français, dont les sorties médiatiques entretiennent régulièrement les polémiques, de son "admiration" déclarée du chef de l'Etat russe Vladimir Poutine à son exil fiscal revendiqué, a cette fois dit tout son mépris pour "Nuit Debout", le mouvement opposé à la loi El Khomri sur la réforme du travail.
"+Nuit Debout+ ou +Assis sur la cuvette des chiottes+, c'est pareil!", a lancé Gérard Depardieu dans Nice Matin. "C'est anecdotique. T'as des cons qui vont comparer à Mai 68, mais qu'est-ce que ça change? Tout cela va se terminer avec la blonde! (NDLR : Marine Le Pen, présidente du Front national)", a ajouté l'acteur.
"Il y a tellement de merde en France que c'est très difficile d'y faire sa place, puisque l'on vous prend tout. On prend tout, y compris aux plus pauvres, surtout aux plus pauvres. Raison pour laquelle tout le monde va se retrouver avec une Le Pen au cul", a-t-il prophétisé.
Le Festival de Cannes en a également pris pour son grade. "Il y a des marches que je n'aime plus monter", a dit Depardieu, qui a dénoncé "l'hystérie collective complètement infertile" du festival.
"Aujourd'hui, le fric prend toute sa place, on est loin du cinéma. Cannes ne mérite pas ça", selon lui. "Il y a de beaux films, mais avant de les voir, il y a tant de merde à passer... Rocco Siffredi monte les marches, deux-trois nanas avec des robes à la con et l'on ne parle que de ça".
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