"Ludiques", "interactives", "personnalisées", "gratuites" pour la plupart, les applications comme Mention bac, Snapschool, "machineareviser.com" ou EduQuest rencontrent un vrai succès auprès des lycéens. L'application bac de la société Digischool, un des leaders du secteur de "l'e-éducation", compte ainsi quelque 300.000 téléchargements en 2015, selon leurs chiffres.
Alors que 68% des 13-19 ans ont un smartphone et passent en moyenne plus de treize heures par semaine sur internet, tous supports confondus, selon une étude Ipsos publiée en 2015, de nombreuses entreprises, des start-ups aux éditeurs de manuels, se sont lancées sur ce marché des révisions 2.0.
Beaucoup proposent des fiches, des vidéos courtes produites par des professeurs, mais certaines entreprises poussent l'expérience plus loin en associant les codes du jeu vidéo au processus d'apprentissage.
Destinée à un public plongé dans l'univers de Candy Crush ou Angry Birds, l'application EduQuest, lancée en 2015, offre par exemple des quiz multijoueurs dans sa nouvelle version pour réviser sept matières du programme du bac 2016.
"Grâce au mécanisme ludique comme des montées de niveau, des personnages qui évoluent ou encore le gain d'étoiles, on crée une motivation supplémentaire", explique à l'AFP Antoine Chopin, à l'origine du projet.
Olivier Houdé, directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation au CNRS, plutôt favorable à ces nouveaux formats pour les élèves, nuance: "la seule chose qu'il faut éviter, c'est que le moteur du jeu se substitue à leur raisonnement. Il faut être capable de raisonner par soi-même".
Chez les élèves, "il y a différents types cognitifs". "Certains ont besoin de l'intelligence corporelle" et révisent en marchant ou en écrivant sur du papier, "pour d'autres le numérique est plus efficace. Le tout est de tester les deux", précise-t-il.
- "Une appli, c'est pas suffisant" -
A quelques semaines de l'examen, Romane, en terminale ES dans un lycée de Vienne (Isère), utilise des sites internet gratuits pour réviser mais n'a pas franchi le pas de l'application. "C'est pas mal mais j'aime le papier, je retiens plus en faisant mes fiches de révision", explique la lycéenne.
Chez les professeurs, plusieurs reconnaissent que ces applications peuvent être un outil pour stimuler les étudiants.
"Tous les moyens sont bons", affirme Catherine Thioulouze, professeur de philosophie depuis 25 ans, qui affirme que le support papier est devenu "insupportable" pour ses élèves. "Mais une appli, ce n'est pas suffisant. C'est bien pour réactiver des connaissances mais pas suffisant pour réviser".
Thierry Debarnot, cofondateur de Digischool, estime que l'examen du bac peut être aujourd'hui entièrement révisé sur internet. Mais la plupart des entreprises voient aussi leurs applications comme un complément d'apprentissage, histoire de ne pas "faire d'impasses".
Pour Hatier, éditeur des annales Annabac, les applications gratuites, qui contiennent un contenu éducatif moins poussé que les versions papier, restent des "gadgets" qui servent de "produit d'appel" pour le site payant et les annales papiers.
Mais la plupart des lycéens ne sont pas prêts à payer pour des contenus sur mobile. Sur ce marché très concurrentiel, il est difficile pour les entreprises de dégager des bénéfices. Un constat partagé par tous les acteurs du secteur interrogés.
Même Digischool, avec ses cinq millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015, reconnaît que son application bac n'a pas été rentable l'année dernière.
Les "pics de téléchargement et d'utilisation" interviennent en avril, constatent les professionnels. Le moment des dernières vacances avant le baccalauréat, et des premières révisions pour beaucoup de lycéens... sur papier comme sur internet.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.