"Quand une femme dit non, c'est non", scandaient les militantes, parmi d'autres slogans comme "la domination et la violence masculines, ça suffit !" ou "Contre l'impunité, contre la loi du silence !"
Les associations qui ont appelé à ce rassemblement, parmi lesquelles Elu-e-s contre les violences faites aux femmes (ECVF), présidée par la députée écologiste Eva Sas, le Collectif national pour les droits des femmes, Osez le féminisme ou encore les Effronté-e-s, réclament la démission de Denis Baupin de son mandat de député.
"Non ce n'est pas normal d'être plaquée contre un mur, d'avoir des mains aux fesses", s'est insurgée la députée (sans étiquette) du Calvados Isabelle Attard, l'une des femmes qui ont témoigné de harcèlement de la part de Denis Baupin.
Si le fait d'avoir parlé "sert à libérer la parole, on aura fait notre part contre ces agressions. Il faut que les femmes se sentent libres de dénoncer ces violences", a-t-elle ajouté, interrogée par l'AFP.
Pour Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris Anne Hidalgo chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, "il y a une incohérence à démissionner de (la coprésidence de) l'Assemblée nationale et de conserver son mandat de député".
"Les représentants du peuple doivent donner l'exemple et les partis politiques doivent prendre leurs responsabilités face à ces violences contre les femmes", a déclaré de son côté Eléonore Stévenin, d'Osez le féminisme.
Les associations demandent l'inscription au Code pénal de l'inéligibilité des hommes politiques reconnus coupables de violences sexuelles et/ou conjugales, ainsi que la non-investiture électorale, par leur parti, des candidats sous le coup d'une enquête judiciaire pour de tels faits ou déjà condamnés.
- Délai de prescription "trop court" -
Elles réclament aussi l'ouverture d'enquêtes internes par les partis politiques sur tous les faits dénoncés et rapportés de violences sexuelles, indépendamment de l'enquête judiciaire, l'accompagnement, par leur parti, des victimes au dépôt de plainte. Et demandent d'allonger la durée de prescription en matière de harcèlement sexuel.
Interrogée sur Europe 1, la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol a aussi jugé "trop court" l'actuel délai de prescription de trois ans et appelé le Sénat à voter "dans les mêmes termes" que l'Assemblée "et dans les meilleurs délais" une proposition de loi portant ce délai à six ans.
Elle a aussi souhaité que l'accès à la justice des victimes de harcèlement sexuel soit "facilité", avec la possibilité pour les associations de porter plainte à leur place.
La députée socialiste Delphine Batho a pour sa part souligné mardi que les accusations de harcèlement et d'agressions sexuelles visant Denis Baupin n'étaient que "la partie émergée de l'iceberg", invitant le ministre des Finances Michel Sapin à "s'expliquer" à propos d'un geste déplacé envers une journaliste. "Aucun parti n'échappe à une complicité sous forme d'omerta", a-t-elle insisté.
M. Sapin s'est excusé mardi pour un "geste inapproprié", dans un communiqué. "Prenons acte de ses excuses", a déclaré Mme Rossignol. Interrogée pour savoir s'il devait démissionner, elle a répondu: "Il doit lui-même réfléchir sur ce qu'est le sexisme, les rapports avec les femmes, mais je ne crois pas qu'il doive démissionner".
Le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête préliminaire sur les accusations d'agressions sexuelles visant Denis Baupin, qui a fait savoir de son côté qu'il déposait une plainte pour diffamation contre Mediapart et France Inter, au lendemain de leurs révélations basées sur des témoignages de victimes présumées.
Pour "briser la loi du silence", la Fondation des Femmes a par ailleurs lancé une "hotline" juridique et gratuite pendant une semaine pour les victimes de violences sexuelles de la part d'hommes politiques.
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