Venues de Lorraine, Normandie, Bretagne ou encore Languedoc-Roussillon, plusieurs milliers de personnes (15.000 selon la CGT, 5.500 selon la police), dont de nombreux retraités, ont défilé calmement en début d'après-midi de la gare Montparnasse aux Invalides derrière une banderole affichant: "conditions de travail de haut niveau, emploi, salaires".
Le cortège, animé par des jets fumigènes et pétards, n'a pas été autorisé à rejoindre le ministère des Transports, où devaient être reçus à 21H00 les syndicats.
"La famille cheminote, unie et combattante, est dans la rue aujourd'hui", s'est réjoui Gilbert Garrel, patron de la CGT-Cheminots.
Cette action fait suite à trois journées de grèves depuis début mars, dont deux unitaires (CGT, Unsa, SUD, CFDT, ainsi que FO, non représentatif), une première depuis 2013 à la SNCF.
Si les syndicats ne sont pas "entendus", "le patronat aura la responsabilité d'une action plus dure et d'un conflit qui s'inscrirait dans la durée", a mis en garde M. Garrel en lançant un "ultimatum" aux entreprises ferroviaires.
Une intersyndicale se réunira mercredi à 16H30 pour décider des "modalités d'une grève reconductible" en mai, selon plusieurs sources syndicales. "Pour nous, la suite logique c'est un mouvement de grève reconductible à partir du 18 mai", a affirmé Frédéric Michel, de SUD-Rail Paca.
- Nouvelles grèves en mai -
Mais le scénario le plus probable est celui de nouvelles grèves les 18, 19, 25 et 26 mai, avant un éventuel durcissement du mouvement fin mai.
"On attend des évolutions significatives aujourd'hui" dans les négociations avec l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP, qui regroupe la SNCF et ses concurrents privés), a insisté Marc Baucher, secrétaire général de l'Unsa.
Les discussions devaient se poursuivre jusqu'en début de soirée avec l'UTP, qui s'est engagée à revoir ses propositions pour encadrer le temps de travail (durée, amplitude, repos, nuit...) après le rejet unanime de son premier projet tout en mettant en garde contre tout "surcoût" dans un secteur qui subit déjà la forte "concurrence de la route et du low-cost aérien".
Les négociations d'une convention collective de branche, ouvertes fin 2013 pour harmoniser les règles de travail dans le secteur (fret/voyageurs, SNCF/privé), en vue de l'ouverture totale à la concurrence, doivent aboutir avant juillet, comme la renégociation concomitante de l'accord temps de travail à la SNCF.
Elles sont menées sur la base d'un projet de décret du gouvernement, compromis entre les règles en vigueur dans le fret privé et celles de la SNCF, globalement plus protectrices pour les salariés.
- 'Sous-effectif chronique' -
A la SNCF, les discussions internes doivent reprendre mercredi pour trois jours. Le groupe public propose d'assouplir l'organisation du travail sans augmenter la durée annuelle, en modulant notamment l'amplitude journalière pour mieux coller à l'activité.
Pour écarter tout risque de "dumping social", SUD-rail demande "la transposition dans la loi" du régime actuellement en vigueur à la SNCF. "Sinon, ce qui sera obtenu pourra être défait demain par accord d'entreprise", explique M. Michel en pointant les possibilités ouvertes par le projet de loi Travail. "Il y a un choc entre ce qui est prévu pour les cheminots et la loi El Khomri", estime-t-il.
Pour l'heure, les propositions sur la table sont synonymes de "flexibilité augmentée, précarité accrue, désencadrement du travail de nuit, réduction des temps de repos quotidiens", a énuméré Gilbert Garrel au cours d'une prise de parole commune. Il a également dénoncé un "sous-effectif chronique" et demandé "l'ouverture immédiate de négociations salariales".
Pour Jean-François Deneuville, conducteur sur le RER D et délégué CFDT, le patronat veut "ubériser" son métier: "Ils veulent demain délocaliser nos prises de service en fonction des besoins, on aura un temps de repos diminué."
"Le statut des cheminots est remis en cause irrémédiablement", estimait Dominique Tissier, un retraité venu de Champagne-Ardenne.
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