Arrivé à Rungis dès potron-minet, à 06H45, le chef de l'Etat s'est plié aux figures imposées de ce genre de visites. Après avoir coupé le ruban tricolore du plus vaste pavillon d'Europe consacré exclusivement à la commercialisation de produits bio, le président a zigzagué consciencieusement entre les grossistes en fruits et légumes, laitages, vins, charcuteries, viandes et autres produits d'épicerie fine, sans en manquer un seul.
Plutôt frugal, il s'est abstenu de déguster du vin, fût-il bio, se contentant d'un cannelloni vegan sans oeufs, d'une banane aux rillettes du Mans ou d'un fromage de chèvre.
Le bio, "ce n'est pas simplement répondre à une mode, c'est le durable", a-t-il observé, "nous devons le démocratiser".
Mais au-delà du bio, le président entendait manifestement livrer le fond de sa pensée, désireux de défendre une fois encore son bilan, comme s'il était impatient d'en découdre.
Devant les grossistes, leurs employés et les dirigeants de Rungis, François Hollande a commencé par défendre la formule qu'il répète comme un mantra depuis la mi-avril: "ça va mieux".
"C'est insupportable d'entendre, y compris le président de la République, dire que ça va mieux quand il y a encore tant de difficultés", a-t-il concédé, se défendant d'être dans "la béatitude" et la "naïveté".
Mais, s'exprimant peu après devant quelques journalistes, il a assuré qu'il n'avait "pas du tout" regretté d'avoir employé cette formule. "Au contraire, je vais la répéter autant que nécessaire" afin qu'elle "imprègne bien", a-t-il prévenu.
Il s'agit selon lui de souligner qu'il "y a eu des réussites, des résultats et que l'on peut entrer dans une nouvelle phase qui n'est pas simplement de la redistribution mais de la reconquête, aller vers de nouveaux marchés, de nouveaux objectifs, de nouvelles perspectives".
A-t-il la présidentielle de 2017 en ligne de mire ? "On s'en approche", a simplement noté celui qui reste englué dans l'impopularité, tout en l'assurant : "je ne suis pas en campagne" et "je m'exprime comme président".
- "Pas de lauriers" -
François Hollande qui n'est pas, dit-il, "dans l'autosatisfaction" et "ne réclame pas de lauriers, d'autant qu'on ne (lui en) accorde pas" entend plutôt "dire aux Français" qu'ils peuvent "regarder l'avenir avec plus de confiance".
Quoi qu'il en soit, l'idée de 2017 le travaille, comme en témoigne ses multiples allusions à cette échéance. Remettant une décoration à une pionnière du bio à l'occasion de cette visite à Rungis, il plaisante: "je ne sais pas si nous serons ensemble le 1er mai l'année prochaine (date de la traditionnelle remise du muguet à l'Elysée par les grossistes de Rungis, NDLR)" mais "nous l'espérons tous".
Déjà, en marge des commémorations du 8 mai, dimanche, il avait ironisé : "La seule information que je peux vous donner, c'est que je serai là le 8 mai prochain".
Et interrogé par ailleurs en marge de cette visite à Rungis sur des déclarations de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui promet de consentir "un effort sans précédent" pour la Défense, loin de se dérober, il répond aux journalistes, appelant à être "réaliste".
De la même manière, après avoir promis le versement anticipé d'aides européennes aux agriculteurs, il revient devant la presse pour soutenir que les coups de pouce budgétaires en faveur de la défense, des forces de l'ordre, des enseignants ou des agriculteurs n'étaient pas "de la distribution catégorielle" mais l’expression d'une "reconnaissance" ou la réponse à des "difficultés".
"Laisser penser que l'on ferait ça parce qu'il y aurait des élections, c'est vraiment dénaturer ce que l'on veut faire", insiste-t-il, agacé.
Et pour finir, François Hollande a eu ces quelques mots sibyllins à propos de son remuant ministre de l'Economie, Emmanuel Macron: "tout ce qui participe de la confiance, de l'engagement est tout à fait utile, ce n'est pas la mode, c'est durable".
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