"On part pas à Tahiti, les amis!" croit bon d'ajouter le chauffeur d'ambiance. "Tu vas découvrir chaque partie de ton corps. La nature ne va pas te faire de cadeau, nous non plus!" promet l'animateur juché sur une botte de paille, sous un soleil radieux.
En trois jours, 25.000 personnes, dont un millier d'enfants de 7 à 11 ans, vont faire, dans une ambiance tenant plus du festival pop que d'un classique semi-marathon, leur parcours du combattant dans le camp militaire de Frileuse, à 45 km à l'ouest de Paris.
Monticules ultra glissants, parcours de cordes au-dessus d'une mare de boue, bain d'eau glacée, dénivelés incessants, mini-décharges électriques... Les enfants, eux, ont un parcours adapté, tandis que les plus grands doivent passer 22 épreuves, disséminées sur 13 km, aucune n'étant cependant obligatoire.
Prêt à partir, sa mini-caméra vissée au front, Denis, un marathonien de 52 ans, est venu spécialement de Moselle "pour le fun" avec Yolande, son épouse de 51 ans, adepte de trail. "Ça change des courses classiques", dit-il.
"Le but, c'est de rigoler", reconnaît Tony, un trentenaire venu avec tout un groupe de la région parisienne et de l'Orne, tous affublés d'un tutu blanc. "On n'est pas du tout préparés, pas du tout sportifs! Plutôt alcooliques oui!" plaisante le jeune homme en reprenant son souffle.
- Maquillage camouflage et oreilles de lapin -
Certaines entreprises jouent aussi le jeu. "Ça sert à créer du lien, à mélanger tous les métiers dans un cadre original", explique Céline Chevalier, 35 ans, responsable DRH chez Transdev, venue avec une cinquantaine d'autres employés de cette société de transport d'Ile-de-France.
Toutes les fantaisies vestimentaires sont tolérées: si les gros bras adeptes de musculation ont un faible pour le maquillage camouflage, on trouve aussi deux coureurs costumés en Père Noël, un autre avec des oreilles de lapin... Antoine Troussel, 28 ans, jeune cadre dynamique, n'a pas oublié de mettre sa cravate. "Pour rester classe, même dans la boue", sourit le sportif des Hauts-de-Seine.
Près d'une mare de boue, deux coéquipiers prennent le temps de s'asperger.
Cette course, c'est "un retour en enfance" en même temps qu'"un petit défi un peu masochiste", résume Guillaume Maurice, 27 ans, venu avec des amis de Vincennes.
Quelques épreuves se révèlent en effet douloureuses. "Ça, c'est pas très marrant. Trop froid", râle un Adonis très sérieux, grimaçant en sortant d'une eau à moins de 2°C.
Claude Louchart, 52 ans, venu avec trois amis plus jeunes, avoue avoir eu un peu de mal "niveau cardio". "Mes collègues m'ont aidé à passer les murs", confie ce responsable logistique venu de Seine-Saint-Denis.
Derrière lui, une vague de coureurs prêts à s'élancer se balance, bras en l'air, sur le slow mythique du film "La Boum". "Ça confirme qu'on peut vraiment vous faire faire n'importe quoi!" raille le chauffeur d'ambiance.
Pascal Quatrehomme, directeur de l'événement concocté par Amaury Sport Organisation (organisateur du Dakar ou encore du Marathon de Paris), se félicite du succès grandissant des Mud Days (huit éditions organisées en France cette année, quatre en Espagne et bientôt une en Belgique), un concept né au Royaume-Uni et qui fait florès aux États-Unis. "La recette a fait ses preuves", estime-t-il, soulignant "l'éclectisme des sportifs" qui viennent de plus en plus en équipe, "pour s'entraider".
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