Organisée à l'appel de Comité de la Défense de la démocratie KOD, initiative civique, la manifestation s'est déroulée dans le calme, sous un soleil estival.
Bien qu'il se déclare attaché à l'Union européenne, source d'importantes subventions touchées depuis l'adhésion de la Pologne en 2004, le gouvernement de Droit et Justice (PiS) de Mme Beata Szydlo connaît des frictions importantes avec plusieurs institutions européennes en raison de ses réformes controversées, celles touchant notamment au Tribunal constitutionnel et aux médias publics.
La Commission européenne a engagé contre Varsovie une procédure inédite pour vérifier l'état de droit en Pologne et la Commission de Venise, organe consultatif du Conseil de l'Europe, l'a fermement appelé à respecter les décisions du Tribunal constitutionnel, jusqu'à présent sans résultat.
La majorité des partis d'opposition parlementaire dont la Plateforme civique (PO, libéral), Nowoczesna (libéral) et le parti paysan PSL, ou extra-parlementaire comme le parti social-démocrate SLD ou les Verts ont participé à la marche.
Réunis devant le siège du gouvernement, les manifestants brandissaient des drapeaux nationaux blanc et rouge et des drapeaux européens ainsi que des bannières avec des slogans pro-européens. Ils ont chanté l'hymne national et scandé "Nous défendrons la démocratie et la Constitution".
"Nous sommes ici, car nous voulons nous battre pour la liberté en Pologne, pour la démocratie", a déclaré avant la marche l'ancien président Bronislaw Komorowski.
- Un "Maïdan polonais" ? -
"Beaucoup de gens pensent que cela finira par un Maïdan polonais. J'espère qu'on n'en arrivera pas là", dit à l'AFP une manifestante septuagénaire, Danuta Grzymkowska.
"Les gens qui doivent représenter les Polonais ne représentent que les intérêts d'un seul parti", renchérit Rafal Zagorowski, âgé d'une soixantaine d'années. "Ils se comportent à la manière du parti bolchévique dans la Russie soviétique (...) J'ai peur que Kaczynski (Jaroslaw Kaczynski, président du parti au pouvoir Droit et Justice) nous mène vers la confrontation, vers l'effusion de sang."
Une deuxième manifestation organisée par le mouvement nationaliste a réuni entre 2.500 et 4.000 personnes, contre la présence de la Pologne dans l'UE et "le dictat de Bruxelles".
Les deux marches ont coïncidé avec la traditionnelle "parade Schuman" organisée à l'occasion de la Journée de l'Europe.
Les parcours des trois manifestations étaient proches, mais ne devaient pas se croiser.
Jaroslaw Kaczynski, considéré par la classe politique comme le principal auteur de la politique adoptée par le gouvernement, a, comme à son habitude, minimalisé l'importance de la contestation.
"Ce n'est pas un grand souci", a-t-il commenté lors d'un "chat" télévisé avec des internautes. "Les protestations sont l'effet du mécontentement du résultat des élections" présidentielle et législatives, remportées par son parti, a-t-il soutenu.
"Il n'y pas de risque pour la démocratie en Pologne, c'est reconnu également par nos interlocuteurs de l'UE. Il s'agit d'accepter qu'en démocratie le pouvoir peut changer de mains", a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, il a réaffirmé le refus de recevoir des réfugiés en Pologne. "Après les derniers événements liés à des actes terroristes, nous ne recevrons pas de réfugiés, car il n'y a pas de mécanisme qui nous garantirait la sécurité", a-t-il dit. "Ceux qui marchent aujourd'hui, voudraient perturber la vie en Pologne".
La chaîne publique d'information en continu TVP info, devenue ouvertement pro-gouvernementale, n'a couvert la manifestation d'opposition que partiellement, en diffusant en même temps le chat avec M. Kaczynski et le reportage sur la manifestation de l'extrême droite.
Elle n'a pas cité le chiffre de 240.000 manifestants, annoncé par la mairie.
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