Cette confrontation qui entre dans son troisième jour consécutif est la plus sérieuse depuis 2014 et l'instauration d'un fragile cessez-le-feu après des semaines de guerre.
L'aviation israélienne a mené un premier bombardement sur Beit Lahya, dans le nord de Gaza, puis a bombardé des positions utilisées par les groupes armés le long de la frontière à Khouzaa, dans le sud du territoire aux mains du Hamas islamiste, ont indiqué les témoins. Aucune victime n'a été rapportée.
L'armée israélienne a pour sa part fait état d'une seule opération aérienne contre une position du Hamas, en riposte à de nouveaux tirs au mortier palestiniens contre ses soldats opérant le long de la barrière de sécurité qui enferme hermétiquement le territoire, au nord et à l'est.
C'est la quatrième opération aérienne rapportée par l'armée israélienne depuis mercredi, en plus de tirs de chars.
Les soldats israéliens ont subi depuis mercredi douze séries de tirs au mortier le long de la barrière de métal et de béton au pied de laquelle ils traquent les tunnels pouvant servir à des combattants palestiniens pour s'infiltrer en Israël.
Il s'agit de la première confrontation directe entre le Hamas qui gouverne sans partage la bande de Gaza et l'armée israélienne depuis la guerre meurtrière et dévastatrice de juillet-août 2014.
Les violences ont pour la première fois fait un mort jeudi, une Palestinienne de 54 ans tuée par des tirs de char israéliens, selon des sources hospitalières palestiniennes.
- Situation 'intenable' -
Elles font redouter une rupture du cessez-le-feu tendu observé depuis 2014 et un nouveau conflit dans un territoire pauvre et surpeuplé qui a connu trois guerres avec Israël en six ans et ne s'est toujours pas remis de la dernière.
"On a très peur. C'est clair que la guerre est en train de commencer. Il y a beaucoup d'escarmouches, exactement comme avant la dernière guerre", a déclaré à l'AFP Alaa Abou Zaki, 24 ans, père d'un enfant de trois ans qui vit à la frontière nord de la bande de Gaza. Il s'attend à un conflit "extrêmement féroce" et commence à faire des stocks de lait et de couches pour son fils.
"On a peur pour nos maisons et nos enfants, parce que les bombes ne font pas la différence entre les civils et la résistance", renchérit Hanane Akkaoui, 53 ans, mère de famille du quartier al-Nasr, dans l'ouest de Gaza.
"Les juifs veulent la guerre et la situation est intenable", dit Mohannad Ghaban, 24 ans, employé journalier, "on n'a ni électricité, ni ciment, ni eau. On meurt déjà à petit feu, alors autant mourir une bonne fois pour toutes pendant une guerre !"
De l'autre côté de la frontière, dans le kibboutz israélien de Kerem Shalom, Amit Caspi confie lui aussi avoir "peur de la prochaine guerre" et pense à partir pour de bon.
"La nuit, c'est le bruit des mortiers, des bombardements, des avions. Mais le problème avec les tirs au mortiers (contrairement aux roquettes), c'est qu'on n'a pas le temps de se mettre à l'abri", dit Jehan Berman, autre habitant du kibboutz.
- 'Plan diabolique' -
"On est fatigué. On se relève à peine de la dernière guerre que la suivante est à notre porte", ajoute-t-il, invoquant l'arrivée dans les parages d'une nouvelle brigade et des familles qui commencent à prendre leurs dispositions pour trouver refuge ailleurs.
Le kibboutz se trouve près de là où l'armée dit avoir découvert de nouveaux tunnels, le 18 avril et jeudi, affirment certains de ses habitants.
Les tunnels avaient été l'une des armes les plus efficaces et redoutées employées par les combattants palestiniens en 2014. L'armée israélienne avait alors affirmé en avoir détruit plus d'une trentaine.
Mais ils n'ont pas quitté l'actualité. Le Hamas a lui-même proclamé continuer à en construire, et l'armée israélienne continue à les traquer.
Les tirs essuyés par ses soldats traduiraient une nervosité du Hamas grandissante à mesure que les Israéliens approchent de la découverte d'un nouveau tunnel, soutient l'armée israélienne.
Pour le Hamas et sa branche armée, les soldats israéliens entrent en territoire gazaoui et violent ainsi la trêve.
L'armée israélienne admet qu'elle agit à l'intérieur du territoire palestinien dans une bande de 100 mètres, dit-elle. Elle dit ne voir "aucun intérêt" à une escalade militaire. Mais elle a redit vendredi sa détermination à combattre "le plan diabolique du Hamas visant à s'infiltrer dans les communautés israéliennes".
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